Cinéma(ra)t(h)on : J-122
Cinématon n°2781-2790 (2013) de Gérard Courant
Je profitai tranquillement des derniers jours ensoleillés des vacances quand une réflexion me vint : n’avais-je pas entrepris, il y a maintenant de nombreuses années, un grand marathon et n’avais-je pas, depuis un certain temps aussi, abandonné la trace de Gérard Courant et de son Cinématon ? Après vérification, j’ai constaté que ma dernière étape remontait à plus d’un an. Il était plus que temps de rechausser ses bask… ses lunettes pour retrouver les pas du cinéaste.
Nous l’avions laissé au début de l’automne 2013 du côté de Toulouse et du Fifigrot. Nous le retrouvons à Olonne-sur-Mer le temps d’un festival. Le comédien Benjamin Hameury (n°2781) pose devant le filet d’une cage de football et semble essoufflé ou inquiet. Nous ne comprendrons que plus tard la raison de son angoisse : celle de la fin du film qui se termine par un grand cri et une disparition. A noter que l’on retrouvera ce filet lors du portrait de Yola Le Caïnec (n°2785) qui pose, quant à elle, derrière la cage et mange un sandwich.
Cécile Déroudille (n°2783) joue avec son portable et photographie parfois le cinéaste. A ce propos, je me demande si cet accessoire qui apparait désormais régulièrement dans Cinématon n’est pas en train de « phagocyter » le projet du cinéaste. En effet, l’important dans cette œuvre est le face-à-face du modèle et de la caméra. Un accessoire quelconque peut donner une contenance mais ne permet pas d’échapper à l’œil impassible de l’objectif. En revanche, avec les téléphones connectés à Internet, il est fort possible pour les individus filmés de s’échapper vers d’autres réseaux, vers d’autre horizons et de ne plus être dans le même espace-temps que le cinéaste (comme Losey, au tout début du film, qui était filmé en faisant autre chose). Le portrait est-il alors aussi fidèle qu’on pourrait l’espérer ? Faudra-t-il interdire le téléphone comme au cinéma ? L’avenir nous le dira…
D’autres « cinématés » vont avoir recours au téléphone portable, à l’image de Nicolas Thévenin (n°2786) qui, par ailleurs, se sert également du plus vieil accessoire de Cinématon : la cigarette. Par chance, il n’utilise son appareil que comme caméra et comme appareil photo, nous donnant parfois l’occasion de voir son « filmeur » comme dans le reflet d’un miroir.
Cette courte étape aura été marquée par l’importance des véhicules puisque le cinéaste et monteur Camille Lotteau (n°2784) se fait filmer dans l’habitacle de sa voiture. Disons-le tout net, le film ne sera pas sélectionné pour une campagne de la sécurité routière puisque après avoir consulté son téléphone (à l’arrêt : rien de répréhensible pour le moment), notre homme s’envoie deux verres de vin (même si j’ai un doute sur le contenu de la bouteille) et démarre sans mettre sa ceinture. Une désinvolture, ma foi, plutôt sympathique !
Ensuite, et je crois que c’est une première même si ma mémoire commence à me faire défaut, Gérard Courant va filmer deux portraits dans le train allant d’Olonne à Nantes : une jeune monteuse (Clémence Diard, n°2787) et un critique iranien (Bamchade Pourvali, n°2788).
Pour finir, le cinéaste s’est rendu début octobre à Montgeron (y-a-t-il des choses à faire à Montgeron ?) et a filmé des représentants de professions pas forcément très riantes : un diplomate plutôt affable et bavard (Thierry Audric, n°2789) et un bailleur très fier de son t-shirt fantaisie (qu’il montre trois fois) et qui se met du rouge à lèvres sur les joues avant de se poudrer (Pascal Lavergne, n°2790).