Cinématon 2791-2820 (2013-2014) de Gérard Courant

Eugénie Bastié Cinématon n°2793

Eugénie Bastié Cinématon n°2793

Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais lorsque j’entends parler Eugénie Bastié, je n’ai qu’une envie : qu’elle se taise. Eh bien Gérard Courant est là pour assouvir ce désir bien légitime. D’une certaine manière, Cinématon est la plus belle des utopies : le tableau d’une humanité qui, soudain, ne dirait plus rien et où l’on pourrait alors oublier le bavardage médiatique inepte qui tient lieu de débat, les clivages idéologiques… Et regarder sereinement Eugénie Bastié (n°2793) et la trouver plutôt jolie (si on aime le style cheftaine adepte des rallyes du 16ème) et surtout presque émouvante avec son regard embarrassé et ses airs de petites filles timides (elle n’était alors qu’étudiante journaliste et n’avait pas encore 22 ans) se demandant ce qu’elle fait là !

La suite du marathon nous aura permis de revoir   deux figures rohmériennes. C’est avec une grande joie et une certaine émotion qu’on retrouve l’inoubliable héroïne de Conte de printemps, Anne Teyssèdre (n°2794) qui, à l’inverse du modèle précédent, se montre intarissable (même si, bien évidemment, on n’entend pas ce qu’elle raconte) et en oublie de tirer sur le clope qu’elle tient en main pendant les trois minutes que durent son portrait ! Ce sera ensuite au tour d’Andy Gillet (n°2797), le Céladon de Rohmer, de poser chez Gérard Courant et de jouer la carte de la sobriété. En ne faisant rien, il accentue son côté « jeune premier ténébreux » et le portrait se révèle très réussi.

La balade se poursuit avec la présence de deux critiques des Fiches du cinéma : Nicolas Marcadé (n°2799) et Cyrille Latour (n°2800) qui ne font rien de particulier devant la caméra. Deux portraits épurés sur fond blanc.

Début 2014, Gérard Courant retourne à Nice en compagnie de Joseph Morder venu montrer son (beau) film L’Arbre mort. Deux Cinématons amusants seront tournés à cette occasion. La monteuse Josiane Scoleri (n°2801) s’amuse avec des morceaux de pellicules et s’en fait une coiffe et finit par s’entourer le visage comme s’il s’agissait de la bandelette de l’homme invisible. Le peintre Hervé Courtain (n°2802) entreprend de changer de visage à l’occasion de son portrait et de se raser. Il utilise, au départ, divers instruments improbables (dont une énorme machette !) avant de se concentrer sur sa tâche qu’il n’aura pas le temps de terminer en trois minutes (il n’aura rasé qu’une seule joue).

C’est ensuite au tour de l’étudiante (dijonnaise, rien que pour ça, elle mérite d’être citée !) Estelle Pajot (n°2803) de passer devant la caméra du cinéaste en lisant un ouvrage consacré à Méliès et en terminant par un carton nous incitant à nous « méfier des apparences ».

Les dix portraits suivants seront des souvenirs de deux soirées passées chez Alain Paucard. On retiendra que le journaliste Hervé Jouanneau (n°2805) a parfois des petits airs d’Orson Welles, que la costumière Charlotte Zwobada (n°2806) n’oublie jamais son métier et, par conséquent, coud devant l’objectif, que l’attachée de presse Guilaine Depis (n°2807) effectue une sorte de chorégraphie étrange face à la caméra avant de se mettre en garde pour un combat de boxe, que la chanteuse Hannah Fi (n°2809) chante (étonnant, non ?) et que la traductrice et attachée de presse Eloisa de Guidice (n°2812) est foutrement jolie !

Petit moment d’émotion devant Anca Visdei (n°2817), écrivain et plasticienne, qui a failli renouer avec la tradition tombée en désuétude (hélas) du « cinématon érotique ». En effet, la belle débute son portrait en enlevant ses bijoux, son manteau, son chapeau. Elle dégrafe ensuite son gilet et le fait délicatement tomber sur ses épaules. Elle procède de même avec les bretelles de son soutien-gorge mais n’ira pas plus loin. En effet, après cette entrée en matière prometteuse, elle effectue les mêmes gestes en sens inverse et se rhabille avec un beau sourire mutin.

On termine alors l’étape du jour avec une nouvelle « soirée cholestérol » chez Paucard : une jolie étudiante (encore !) Joséphine Brisset (n°2818) qui se demande vraiment ce qui se passe, un chroniqueur littéraire qui se la joue « dandy » (grosse bagouse, cheveux gominés, barreau de chaise dans la bouche…) et qui pourrait presque obtenir la palme du « Cinématon » le plus prétentieux de la création (David Perini, n°2819) et enfin Benoît Duteurtre (n°2820) qui ouvre les yeux après quelques dizaines de secondes et semble se laisser porter par Cinématon comme dans un rêve…

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