Un homme est mort (2017) d’Olivier Cossu (Editions Montparnasse) Sortie en DVD le 16 octobre 2018

 

A l’origine du projet, il y a une bande-dessinée de Kris et Etienne Davodeau (Lulu, femme nue) tirée d’une histoire vraie. A Brest, en 1950, au moment de la reconstruction de la ville ravagée par la seconde guerre mondiale, les ouvriers réclament de meilleures conditions de travail et manifestent. Durant l’une de ces grèves, la police tire sur la foule et abat le jeune Edouard Mazé.

Cinéaste militant déjà célèbre pour les démêlés avec la censure de son film Afrique 50, pamphlet violemment anticolonialiste qui sera interdit par le pouvoir et qui vaudra à son auteur treize inculpations et un an de prison ; René Vautier est envoyé sur place par la CGT pour tourner un documentaire sur ce drame. Le roman graphique et, aujourd’hui, le film d’Olivier Cossu reviennent sur la naissance de ce film désormais disparu.

Un homme est mort, c’est d’abord un poème de Paul Eluard dédié au résistant Gabriel Péri. Vautier fera de ce texte un hymne fraternel aux ouvriers en lutte. D’abord enregistré sur un magnétophone de fortune comme la « voix-off » du documentaire tourné sans son, le poème sera ensuite lu à chaque projection par le cinéaste lorsque le matériel fera défaut.

Le film est intéressant dans la mesure où il utilise le cinéma d’animation comme moyen de faire perdurer une certaine mémoire ouvrière. Le documentaire de René Vautier ayant disparu, il ne restait plus alors que la parole à transmettre et cette manière de raconter à nouveau l’histoire par d’autres moyens. Le style d’Etienne Davodeau évoque parfois celui de Tardi qui, lui aussi, s’est servi de la BD pour revisiter l’histoire de France et les combats ouvriers. Je suis un peu moins fan de l’animation en 2D que je trouve un peu rigide. Mais peu importe la technique ici, c’est l’intérêt de cet épisode méconnu des luttes sociales qui l’emporte.

Nous ne révélerons pas la fin (assez émouvante) mais elle traduit parfaitement l’enjeu de l’œuvre : lutter, transmettre, partager et offrir à ceux qui luttent un moyen de se réapproprier leur propre mémoire…

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