L’Île sanglante (1980) de Michael Ritchie avec Michael Caine (Editions Eléphant Films) Sortie le 21 novembre 2018

© Elephant Films

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Lors du prologue du film, l’équipage d’un bateau naviguant en haute mer aperçoit un radeau qui semble abandonné. Sous une couverture semble dépasser un bras décharné, laissant supposer qu’il s’agit d’un cadavre. Soudain, une forme se dresse précipitamment et attaque le bateau à l’aide d’une hache. S’agit-il de spectres venus de la mer comme dans Fog de Carpenter ? De zombies belliqueux comme dans L’Enfer des zombies ? Ce prologue violent (la hache fracasse un crâne) et plutôt saignant est intrigant et laisse de nombreuses questions en suspens. S’agit-il d’une nouvelle variation autour de la malédiction du triangle des Bermudes puisque ce bateau attaqué n’est pas le premier de la liste ?

Pour en avoir le cœur net, le journaliste Blair Maynard (Michael Caine) désire se rendre sur place pour écrire un article. Seulement il doit emmener avec lui son fils dont il a la garde pour le week-end…

De Michael Ritchie, je n’avais vu jusqu’à présent qu’un navet rigolo : Golden Child : l’enfant sacré du Tibet avec Eddie Murphy. Dans mon souvenir (très, très lointain), le film mêlait des éléments comiques (Murphy oblige) avec des scènes fantastiques. Dans L’Île sanglante, on retrouve ce goût pour le mélange des genres : après un prologue relativement sanglant, le cinéaste se concentre sur la relation conflictuelle père/fils et opte pour un ton assez humoristique. La scène où ils arrivent sur l’île en se crashant à bord d’un improbable coucou est assez drôle (notamment à cause de son pilote en bermuda plutôt improbable).

Blair et Justin se font ensuite enlever sur un archipel des Bahamas. Ils réalisent alors qu’ils sont prisonniers de boucaniers à l’ancienne, vivant en autarcie et s’approvisionnant en attaquant les navires passant à proximité. On notera avec un brin d’amusement que, comme plus tard dans Golden Child, il est aussi question d’un « enfant sacré » (le fils de Blair) qui devient une sorte de « messie » des pirates qui le forment pour qu’il puisse un jour se débarrasser de son père. Quant à Blair, il n’est pas tué pour l’unique raison qu’on compte sur lui pour féconder la seule femme de l’île capable de donner un descendant au clan.

Adapté d’un roman de Peter Benchley (The Island), auteur qui dut sa célébrité à un livre dont vous avez peut-être entendu parler (Les Dents de la mer), L’Île sanglante devient vite plus classique lorsque le père et son enfant se retrouvent captifs des flibustiers. Ritchie déroule avec efficacité mais sans grand génie un programme narratif prévisible : tentatives d’évasion, traitrise inopinée d’un des personnages, complicité que Blair arrive à créer avec l’un de ses ennemis, relations tendues avec un fils qui renie son père au point de le menacer avant la réconciliation finale…

Tout cela n’est pas toujours très passionnant et le film aurait gagné à être plus court (2 heures, c’est assez interminable !)

L’ensemble n’est cependant pas déplaisant car, d’une part, il y a Michael Caine qui incarne ce journaliste avec le charisme qu’on lui connaît. D’autre part, Ritchie filme les scènes d’attaque avec une brutalité peu commune pour une œuvre somme toute « grand public ». Certains plans sont à la limite du gore et ce sont ces éclairs de violence qui maintiennent, malgré tout, l’intérêt pour ce film de pirates globalement ronronnant…

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