Le Justicier de New-York (1985) de Michael Winner avec Charles Bronson (Editions Sidonis Calysta) Sortie le 22 mai 2020

© Sidonis Calysta

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Paul Kersey revient à New-York et il n’est pas content. Même s’il s’est rangé des voitures, la délinquance n’a pas reculé. Et manque de bol : son ami Charley à qui il devait rendre visite est agressé et tué quelques minutes avant son arrivée. Présent sur les lieux du crime, Kersey est arrêté par la police et jeté en prison. Mais le commissaire qui veut en finir avec la criminalité lui propose un marché : il lui laisse le loisir de faire le ménage en le couvrant à condition qu’il ne dise jamais qu’il travaille pour lui. Notre « vigilante » accepte et retrouve ses marques dans un quartier particulièrement malfamé.

Les deux premiers épisodes de la saga étaient intéressants. Westerns urbains, ils proposaient une réflexion ambiguë sur la justice, la légitime défense et les droits du citoyen à se protéger lorsque la police ne le fait plus. Ce troisième volet ne s’embarrasse plus de ces questions : Kersey, petit sourire aux lèvres, est désormais dans son bon droit et le film ne sera plus qu’une chasse aux cafards (utilisons cette image puisque Winner la reprend à son compte en montrant le commissaire allergique à ces insectes et désireux de les éradiquer). Produit par la Cannon, le film est dépourvu des nuances que l’on trouvait dans Un justicier dans la ville et même, dans une moindre mesure, dans le deuxième épisode. C’est un film d’action bourrin qui accumule les crimes les plus abjects (viols, agressions de petits vieux, meurtres…) pour justifier ensuite une vengeance proportionnelle.

Le film est assez mal construit avec des rebondissements artificiels qui permettent d’exacerber le désir de vengeance chez le spectateur. A ce titre, l’épisode avec l’avocate est symptomatique. La jeune femme invite Kersey à diner, une idylle se noue entre eux afin d’assurer la note sentimentale du film. Mais à peine a-t-elle eu le temps de cracher sur sa profession (sur l’air du « certaines racailles ne méritent pas d’être défendues »), voilà qu’elle est assassinée en pleine rue par l’ennemi numéro un de Paul, décidément poursuivi par la malchance.

Simple véhicule pour Charles Bronson qui a perdu aussi l’ambiguïté qui faisait le charme de ses deux premières prestations, Le Justicier de New-York n’est pas totalement nul uniquement grâce au métier de Michael Winner. En dépit de ses ficelles grossières, le film débute même plutôt pas mal dans la mesure où le cinéaste joue à nouveau la carte du western urbain. Il est en effet question de territoire à reconquérir et les voyous malfaisants qui l’occupent ont des peintures tribales sur le front comme les indiens d’autrefois. Malheureusement, Winner délaisse assez vite cette dimension pour se concentrer sur l’action pure. Là encore, on regrettera de ne pas retrouver l’atmosphère urbaine à la fois inquiétante, sordide et fascinante d’Un justicier dans la ville. Il n’y aura plus ces déambulations nocturnes qui faisaient l’intérêt du premier. La dernière demi-heure du film se réduit à un (trop) long combat entre notre héros et ses potes (très peu nombreux) contre des hordes de sauvages. Et là, Winner ne fait pas dans la dentelle : grenades et cocktails Molotov du côté des voyous ; Magnum et mitrailleuse du côté de Paul Kersey. Et pour conclure en beauté, le plus méchant sera exécuté… au lance-missiles !

On l’aura compris : ce troisième volet ne fait pas dans la subtilité. Les fans de Bronson seront sans doute comblés mais force est de constater que le résultat est plutôt décevant…

 

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