Cinéma(ra)t(h)on : J-128
Cinématon 2881-2910 (2015) de Gérard Courant
Paris-Lyon-Toulouse : tel est le parcours effectué par Gérard Courant lors de cette étape cinématonesque de 2015. Une soirée chez Alain Paucard le 19 avril mais rien de réellement notable à propos des deux portraits tournés. Puis quelques extérieurs avec une « motorcycle girl » (Caroline-Christa Bernard, n°2883) filmée sur un banc à Montreuil. La composition est assez belle car son visage est encadré à la fois par des arbres et par des chemins qui permettent un mouvement incessant dans la profondeur de champ. Le 7 mai, le cinéaste tourne deux Cinématons en extérieur à Lyon. Rémi Fontanel (n°2884) se trouve devant un grillage plein de cadenas tandis que la très belle Hélène Gaudu (n°2885), étudiante et cinéaste, pose devant un hôtel, non loin du musée des Confluences.
Retour ensuite chez Alain Paucard le 31 mai avec des films un peu plus animés. Philippine Cruse (n°2886) joue avec une bague et semble totalement fascinée par celle-ci. L’architecte Jean-Yves Guégan (n°2887) pose d’abord de profil, se tourne vers nous en nous faisant découvrir qu’il a un œil crevé puis mime de grands cris dignes d’un film d’horreur. Arrive enfin Christophe Bourseiller (n°2888), un verre de rouge à la main et qui présente à la caméra une carte de New-York. Pour quiconque se souvient du timbre inimitable de sa voix chez Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément) ou Patrick Schulmann (PROFS), c’est amusant de constater qu’il ne cesse de parler. Et même si le film est muet, on a néanmoins l’impression de l’entendre !
Deux autres rendez-vous chez Alain Paucard auront lieu par la suite (le 9 juin et le 28 juillet). On retiendra le visage gracieux de Marie-Aimée Cailleux (n°2889) et l’ennui profond qui semble gagner l’écrivain Anne Calife (n°2892) qui garde constamment sa tête appuyée sur sa main droite.
Depuis le début de Cinématon, Gérard Courant a toujours eu des lieux privilégiés pour filmer un certain nombre de personnalités. Il y eut le festival de Cannes au début des années 80. Puis les locaux de Canal plus à la fin de cette même décennie. L’appartement d’Alain Paucard reste un « studio » incontournable depuis des années mais il y a désormais, pour le cinéaste, le rendez-vous annuel du Fifigrot à Toulouse.
En 2015, il débute par le portrait de la ravissante Auriane Linarès (n°2893) qui fait le pitre devant la caméra (œillades outrées, doigt dans le nez…) avant de convoquer dans le champ de la caméra quelqu’un qu’elle semble connaître. Le cinéaste Xiaoxing Cheng (n°2894) s’éponge le visage avec un mouchoir et se nettoie les dents (derrière sa main) avec le même mouchoir. La comédienne Valentine Gérard (n°2896) pose d’abord de dos puis se montre à la caméra. D’une beauté altière, elle se contente de prendre la pose dans un premier de temps avant de jouer avec ses cheveux et de débuter un numéro de transe qui n’est pas sans évoquer la performance d’Isabelle Adjani dans Possession.
Je n’ai absolument rien compris au numéro de Camel Mouzaïa (n°2897), filmé devant un panneau « interdiction de fumer » et qui semble mimer les gestes du fumeur compulsif. Peu importe car son sourire est assez irrésistible et le portrait a fini par me faire beaucoup rire.
Même si on ne peut pas vraiment parler de « vedettes », ce parcours toulousain a permis à Gérard Courant de filmer quelques personnalités connues. Tout d’abord, le dessinateur Berth (n°2900) qui tente, tant bien que mal, de gribouiller quelques croquis sur ses joues et sur son crâne. Viennent ensuite la comédienne Pamela Stanford (n°2903) que tous les amateurs de Jess Franco connaissent bien (comment oublier ses performances dans Célestine, bonne à tout faire ou Les Possédées du diable ?) et Alexandre Mathis (n°2094), immense écrivain (Les Fantômes de M.Bill, LSD 1967…) et cinéaste expérimental intéressant (Outre-tombe). La première semble affolée de se retrouver devant la caméra de Gérard Courant pendant près de quatre minutes tandis que le second reste parfaitement stoïque.
Les fans des films de Kervern et Delépine reconnaîtront également l’ex-syndicaliste devenu comédien Xavier Mathieu (n°2906) qui parvient à se « curer » tout ce qui est possible de curer (du moins, sur un visage !) : les dents, les oreilles, les yeux et –pour finir- le nez !
Enfin, le facétieux Jean-Marc Rouillan (n°2907) (que Gérard Courant présente comme un « militant révolutionnaire ») présente ironiquement son beau visage buriné devant un panneau…Vigipirate soulignant une vigilance renforcée ! Pour un ancien membre d’action directe, c’est assez piquant…