Cinématon n°2941-2955 (2016) de Gérard Courant

Olivier Azam - Cinématon n°2947

Olivier Azam - Cinématon n°2947

Puisque nous parlions la dernière fois des « figures classiques » du Cinématon, celle consistant à retourner le dispositif sur lui-même pour permettre au « regardé » (le modèle filmé) de devenir le « regardeur » a toujours fait preuve de son efficacité. Le jeune cinéaste Brice Vincent (n°2941) utilise son caméscope pour filmer Courant et nous fait partager sa vision en retournant l’écran de contrôle de sa caméra. En jouant avec le zoom, il scrute le visage de l’auteur et nous fait aussi découvrir les lieux du tournage (le couloir du domicile de Gérard Courant à Montreuil). Le documentariste et chef opérateur Olivier Azam (n°2947) utilise, pour sa part, un polaroïd, prend une photo de l’homme derrière la caméra et nous montre l’image apparaître peu à peu, créant ainsi un jeu assez fascinant sur les durées : d’un côté, celle immédiate de l’image vidéo, de l’autre, celle plus progressive de l’image impressionnée.

Les années passent et le Cinématon semble désormais soumis à des rituels irréversibles, naviguant entre les incontournables soirées chez Alain Paucard où les modèles invités sont souvent filmés un verre à la main (la traductrice Isabelle Marin, n°2942, l’avocat écrivain Gilles Antonowicz, n°2943) et le Fifigrot de Toulouse en passant par un crochet du côté de Grenade pour filmer le comédien humoriste Christophe Fluder (n°2951).  

Ce festival toulousain a permis une fois de plus à Gérard Courant d’épingler quelques « vedettes » à son album. Tout d’abord l’écrivain Jean-Marie Laclavetine (n°2946) qui se contente de quelques mimiques (roulements d’yeux, sourire forcé…) devant la caméra. Puis c’est au tour de l’ogre Pacôme Thiellement (n°2948) de se livrer à un petit numéro de « head shaking » digne des amateurs de hard-rock les plus forcenés. Le passionnant cinéaste Bertrand Mandico (n°2949), auteur des Garçons sauvages et de nombreux courts-métrages, cultive son look de dandy (longue mèche tombant devant l’œil, petit foulard autour du cou, regard sombre et aucun sourire) en se contentant parfois de tourner la tête pour montrer son profil.

La cinéaste Ruby Cicero (n°2952) et le musicien Maxime Dupuis (n°2953) jouent avec des petites loupiotes montées sur des bagues et s’éclairent le visage avant de le bâillonner avec une ceinture en prenant une expression horrifiée (pour Cicero) ou en le dissimulant sous un t-shirt préalablement enlevé (Dupuis).

Entre ces étapes traditionnelles, Gérard Courant a retrouvé Isild Le Besco (n°2944) qu’il avait déjà filmée en 1987 (elle n’avait alors que cinq ans !). La comédienne pose ici, de manière très naturelle devant l’une de ses propres peintures. Le portrait est sobre, même si de temps en temps (assez régulièrement, à vrai dire), un sourire éclaire son visage.

Il ne nous en faut pas plus pour être sous le charme.

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