Cinématon n° 2986-3000 (2017) de Gérard Courant

Daniel Prévost - Cinématon n°2993

Daniel Prévost - Cinématon n°2993

Nous avions laissé Gérard Courant au Portugal en compagnie de modèle peu souriants. Nous le retrouvons aujourd'hui au même endroit le temps de deux portraits classiques, qu'il s'agisse d'Antonia Fonseca (n°2986), tirant nerveusement sur sa cigarette ou encore de la documentaliste Maria Do Sameiro André (n°2987) qui nous gratifie (enfin!) d'un beau sourire.

Fin septembre 2017, le cinéaste retrouve la belle ville de Toulouse à l'occasion d'une nouvelle édition du Fifigrot qui lui permet d'immortaliser quelques célébrités. Le soliloque (muet) de Raphaël Jimenez (n°2988) est assez troublant dans la mesure où le comédien est le portrait-robot d'Emmanuel Macron. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il gagna ses galons dans l'univers de Groland.

Le talentueux metteur en scène Pierre Salvadori (n°2990) tient à se livrer à une expérience en direct qu'il nous décrit grâce à un mot griffonné sur un cahier : il va tenter de retenir le plus longtemps possible sa respiration et de battre, par la même occasion, son record. Difficile de dire s'il triche ou non (il disparaît, à un moment donné, du champ de la caméra) mais toujours est-il qu'il affiche une mine dépitée en fin de portrait avant de noter « raté » sur son cahier ! (désolé de vous gâcher le suspense pourtant insoutenable qui émane de ce film)

L'auteur de bandes dessinées Goossens (n°2991) et l'écrivain Jean-Hugues Oppel (n°2992) ne font rien de particulier mais ils posent au coeur de la ville, offrant au spectateur le loisir de contempler le spectacle de la rue (surtout dans le cas de Goossens : Oppel restant relativement dissimulé derrière deux grosses motos). On aperçoit le va-et-vient des automobiles, des vélos et même un homme sur des rollers. Sur les trottoirs, les passants déambulent sans prêter la moindre attention aux tournages minimalistes des films. Les tenues sont légères (on en déduit qu'il faisait encore chaud à Toulouse à la fin du mois de septembre), les rues semblent animées : la vie, quoi.

La chaleur ne semble pourtant pas avoir réussi à Daniel Prévost (n°2993) qui n'arrête pas d'éternuer et de se moucher. Connaissant le lustucru, on imagine cependant qu'il se contente de faire le pitre puisqu'il affiche parfois un visage hilare et qu'il va jusqu'à enfoncer ses deux mouchoirs dans les narines !

Après l'épisode toulousain, Gérard Courant va filmer coup sur coup deux comédiens : Karine Adrover (n°2994) et Mattéo La Capria (n°2995). Il est assez amusant de constater que les deux composent des portraits à la fois minimalistes (pas d'action à proprement parler) mais très « joués », optant pour la carte de la séduction (sourires rares et calculés, postures altières...) On ne peut nier leur talent mais tous ces efforts sont balayés par le naturel désarmant d'une petite fille d'à peine quatre ans, Célestine (n°2997), qui ne joue aucunement mais qui rayonne d'une présence stupéfiante (en toute objectivité!), assise sur son banc dans le jardin d'une résidence dijonnaise.

Après un passage à la Cinémathèque de Bourgogne où il filme une Marine Hajduk (n°2998) hilare, Gérard Courant atteint en cette fin d'année 2017 son 3000ème portrait. Le hasard veut qu'il atteigne ce chiffre 40 ans après son premier essai de Cinématon (le numéro zéro, daté de 1977). Comme le veut la coutume, c'est lui-même qui passe devant l'objectif. Anticipant sans doute un futur « carnet filmé », il utilise tout son temps à l'écran, un appareil photographique dans la main, pour filmer la caméra en train de tourner. En résumé, nous assistons au portrait d'un filmeur filmé, filmant son propre film en train d'être filmé.

Vertige infini du Cinématon...

 

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