Prison de femmes en furie (1985) de Michele Massimo Tarantini avec Suzane Carvalho, Rossana Ghessa, Gloria Cristal

Visage(s) du cinéma italien : 46- Michele Massimo Tarantini

La tâche de votre serviteur n’est pas toujours une sinécure. En se lançant dans ce voyage au long cours au cœur du cinéma italien, il fallait bien que nous finissions par croiser le chemin du redoutable Michele Massimo Tarantini, le Bonaparte de la comédie polissonne, le condottiere de la cuisse légère et du gag lourdaud. Inspectant les trésors que recelait notre besace, nous fûmes pris d’une sorte de vertige et d'une intense fatigue à l’idée de découvrir de nouvelles aventures de la « toubib », de la « prof » ou de « l’infirmière », belles plantes (Edwige Fenech et Nadia Cassini, s’il vous plaît !) placées en milieu hostile et confrontées aux promiscuités braillantes de mâles en rut décérébrés.

Nous décidâmes alors sagement d’éviter ce corpus comique navrant pour nous tourner vers d’autres genres que Tarantini aborda de manière plus épisodique. Nous fûmes presque tenté de regarder son « poliziottesco » Calibre Magnum pour l’inspecteur mais nous renonçâmes : avec le mauvais vent droitier qui souffle en France en ce moment, nous n’avions aucune envie d'endurer de probables éloges de la maréchaussée et de nous farcir les exploits de flics testiculeux ! C’est alors que nous découvrîmes que le cinéaste avait œuvré dans le « film de femmes en prison », genre féerique s’il en est et baume indispensable aux âmes endolories par les soubresauts tragiques de ce triste monde. Bien nous en prit car sans être le chef-d’œuvre du siècle (qui l’aurait imaginé ?), Prison de femmes en furie s’avère de bonne facture au cœur d’un sous-genre parfaitement codifié. Qu’on ne s’attende pas ici à une quelconque originalité : toutes les ficelles du « W.I.P film » sont au rendez-vous et il ne manquera aucun cliché, si ce n’est la traditionnelle scène de douche collective des prisonnières. Mais Tarantini compense cette faute de goût impardonnable par un passage où l’héroïne, que ses geôlières cherchent à faire parler, doit subir les pulvérisations d’un fort jet d’eau.

Pour avoir tué un trafiquant de drogue, la belle Angela (Suzane Carvalho, très séduisante actrice qui deviendra par la suite pilote de courses après une courte carrière cinématographique qui lui permettra d'ailleurs de retrouver Tarantini dans Massacre dans la vallée des dinosaures) est jetée en prison. Très vite, elle doit subir la convoitise de ses codétenues et la cruauté des matonnes. Le scénario, étique (on apprend assez rapidement que la belle est innocente et défend son frère coupable), n’est qu’un prétexte à déployer les cartes postales attendues du genre : crêpages de chignon entre détenues qui virent ici à la véritable agression, lesbianisme, émeutes dans la prison et évasion dans la jungle… Notons d’ailleurs que cette partie « évasion » inscrit Prison de femmes en furie dans la lignée des « W.I.P films » ne se cantonnant pas au huis-clos carcéral. On songe aux deux films de Mulargia (Les Évadées du camp d’amour et Les Tortionnaires du camp d’amour) ou au classique 99 Women de Franco dont le film de Tarantini reprend quasiment la trame.

Mais en abonnant les ficelles de la grosse comédie navrante qui tache, le metteur en scène trouve une étonnante vigueur : le film n’est pas mal tourné et son rythme (sauf peut-être un peu sur la fin) ne faiblit pas. Il fait également montre d’une cruauté assez étonnante chez lui, virant parfois au grand-guignol : tête coupée dans la cour de la prison, impacts de balles particulièrement sanglants, bastonnades cruelles, notamment lorsque les prisonnières utilisent des draps mouillés… Tout cela n’est évidemment pas du grand cinéma mais pour peu que le spectateur indulgent accepte les ficelles du genre, il y prendra le plaisir qu’on peut trouver à la lecture d’un roman de gare désuet ou de ces BD pour adultes jadis publiées par Elvifrance.

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