La novice se dévoile (1975) de Giuliano Biagetti avec Gloria Guida, Femi Benussi

Visage(s) du cinéma italien : 79- Giuliano Biagetti

La vie n’est, au fond, qu’une succession de choix. Celui que je fis hier soir fut le mauvais mais je n’en fus quitte que pour quelques 90 minutes perdues à tout jamais. En effet, dans mes précieuses archives, je possède deux titres de Giuliano Biagetti. J’aurais pu me tourner vers Les Allumeuses (titre français débile), un giallo apparemment intéressant avec Haydée – La Collectionneuse- Politoff), mais l’attrait de Gloria Guida m’a irrésistiblement poussé vers cette Novizia.

Dans la mesure où la critique de ce nullissime navet ne prendra que peu de place, je propose de rallumer ici la flamme polémique qui embrasa autrefois l’espace (aujourd’hui totalement déserté) des blogs. Avec mon ami Vincent Jourdan (aka Inisfree), nous avons souvent ferraillé autour des mérites comparés de David Lynch (indiscutables !) et Steven Spielberg (plus douteux). Le temps faisant son travail, les passions se sont apaisées et une trêve de bon aloi a mis fin à ces virtuelles discordes. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de déterrer la hache de guerre. Car oui, quitte à te scandaliser, mon cher Vincent, il faut quand même désormais en convenir : en dépit de toute l’affection que je peux lui porter, il me paraît évident qu’au sein de la comédie sexy italienne, ta chère Edwige Fenech n’égale pas en charme la divine Gloria Guida !

Oui, je sais, le choc est rude et la violence de l’affirmation pourra en faire défaillir certains mais comment résister à la blondeur diaphane de la belle Gloria ? À ses grands yeux bleus ? À sa plastique dénuée du moindre défaut ? Si Edwige Fenech, c’est le charme classique, simple et rustique d’un bon plat de tagliatelles, alors Gloria Guida incarne le raffinement d’un carpaccio de bœuf au parmesan affiné ! (que Dieu et Sandrine Rousseau me pardonnent ces comparaisons culinaires somme toute triviales).

La première faute de goût de Giuliano Biagetti consiste à vêtir la séduisante actrice d’un habit de novice sans pour autant la plonger dans l’univers délétère mais hautement érogène de la « nunsploitation ». Elle incarne ici une timide infirmière de nuit chargée de veiller sur un vieil homme malade. Dans cette vaste demeure sicilienne, elle fera connaissance avec Vittorio, le neveu revenu de Rome au chevet de son oncle. Évidemment, le jeune homme succombera au charme de la future nonne…

J’avoue que je ne savais absolument rien de Biagetti. Sur la plus célèbre des encyclopédies en ligne, on apprend qu’il a débuté comme dramaturge avant de devenir assistant réalisateur pour des metteurs en scène prestigieux comme Joseph Losey ou Roberto Rossellini. C’est d’ailleurs ce dernier qui produisit son premier film en 1953 : Rivalità. Après l’échec de son deuxième long-métrage en 1956, il se tourne vers la publicité avant de revenir au cinéma après 1968. Les titres suivants de son œuvre sont assez parlants (Les Nouveaux Contes immoraux, La Svergognata…) et il semblerait que le cinéaste se soit tourné vers l’érotisme.

Mais là réside également la déception face à cette Novice désespérément chaste. Que le film soit d’une platitude que l’on ne rencontre guère que dans les propos d’une Valérie Boyer, passe encore. Mais même la promesse de se rincer un peu l’œil en guise de consolation n’est pas tenue. Certes, le temps d’une scène un peu plus pimentée (pas non plus de quoi rendre priapique un Gérard Larcher !), l’exquise Gloria tombe la tunique pour enfiler des dessous sexy mais Biagetti filme le tout avec une telle absence de sensualité qu’on en regretterait presque les pitreries mongoloïdes des comédies sexy tournées à la chaîne en ce milieu des années 70. Et ne parlons pas de la ridicule scène finale où la délicieuse actrice court à poil (enfin !) dans les champs puisque tout est tourné en plan d’ensemble et avec des ralentis dignes des antiques publicités pour la marque Tahiti douche.

Bref, l’érotisme du film se réduit à peau de zob (alors que Biagetti bénéficie pourtant dans sa distribution de l’espiègle et exhibitionniste Femi Benussi qui ne manque pas de charme(s) non plus) et ce n’est pas du côté du propos ou de la mise en scène que le spectateur va trouver de quoi se réconforter. L’ambition du cinéaste est de réaliser une comédie de mœurs avec trois grands veaux (la comparaison avec I Vitelloni de Fellini fait un peu mal, je l’admets) qui font les 400 coups avant que le film se recentre sur les affres sentimentaux de Vittorio et de sœur Immacolata. On y verra d’ailleurs un personnage masculin totalement odieux qui offre sa maîtresse (Femi Benussi) à ses deux copains (parce qu’une femme libérée ne mérite pas mieux, hein !) tandis qu’il retrouvera le droit chemin et l’amuuur en la personne de l’infirmière (qu’il aura semoncé auparavant après les écarts vestimentaires qu’elle s’était permis en cédant aux désirs de l’oncle impotent et presque aveugle).

Aussi déplaisant dans le propos que dénué de tout agrément visuel ou narratif, La novice se dévoile est un navet sans le moindre piquant, qu’on n’aura aucun mal à oublier.

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