J’aurai sans doute l’occasion de vous en parler ici mais les blogs de mes frères sont tellement connus qu’ils pourraient se passer de présentation. En revanche, il n’est sans doute pas encore de notoriété publique que ma sœur tient un excellent blog littéraire. Il y a quelques mois, elle m’a demandé une petite contribution pour fêter sa 400ème note et j’avais écrit un texte sur les adaptations littéraires au cinéma. Juste retour des choses, je lui ai demandé un témoignage pour les 10 ans de ce blog. Je n’aurais peut-être pas dû puisqu’elle lève un coin de voile sur mon passé de cinéphile maniaque. Mais j’ai décidé de tout assumer (ou presque) en publiant ce « livre d’or ». Je me permettrai juste de corriger quelques « erreurs » et d’ajouter quelques précisions :

1-       Nous utilisions un dé à 8 faces et non à 12 faces

2-     Les fiches et les notes des critiques ne venaient pas de Mad Movies mais de Première et Starfix. Je peux même confesser qu’il m’est arrivé de changer les notes pour favoriser mes films favoris. Ainsi, pour Sailor et Lula, les notes de Starfix étaient assez partagées. Du coup, j’ai opté pour celles de La revue du cinéma, beaucoup plus favorables au film de Lynch (si vous n’avez pas encore lu le texte de Beux, vous risquez de ne rien comprendre !)

3-     En cas d’égalité, les films étaient départagés avec un dé à 6 faces classique.

4-     Working girl est vraiment un très, très mauvais film.

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Quand mon frère m’a demandé de lui écrire un article, j’ai bien évidemment songé à me venger de toutes ces années de chroniques consacrées à des films croates muets en écrivant une note à la gloire du Seigneur des Anneaux ou du Pirate des Caraïbes. Mais je préfère à tout prendre lui rendre un vibrant hommage en vous dévoilant aujourd’hui un petit secret de famille.

Le monde selon Garp, Ghost, L’arme fatale… Qui croirait aujourd’hui que c’est grâce au docteur Orlof que je me suis initiée à ces films ? Que grâce à lui je reste persuadée que Working Girl (que je n’ai jamais vu) est un chef-d’œuvre tandis que je fuis Ils vont tous bien que je n’ai jamais vu non plus ?

C’était toujours dans la chambre du docteur Orlof que nous nous réunissions. Nous étions généralement trois, parfois deux, plus rarement quatre et nous jouions à la bataille. Mais attention ! Pas n’importe laquelle : la bataille des films. Cela commençait toujours de la même manière : assis en rond par terre, notre frère nous distribuait des cartes d’un genre un peu particulier. Il s’agissait en fait de petites affiches de films découpées dans des magazines. Après la distribution, le docteur sortait ensuite un dé à douze faces ainsi que les notes correspondant à ces films et établies par des critiques. Le jeu se déroulait ensuite presque comme une bataille normale ; nous confrontions les films et lancions le dé. En fonction du lancer, nous avions une note (une étoile, deux étoiles, etc.) qui déterminait la force de la carte en question. Le gagnant gardait sa carte et la replaçait en dessous de son tas. Le perdant en revanche se délestait de l’œuvre boudée par les critiques et espérait avoir plus de chances avec le prochain film. A la fin du jeu nous avions un gagnant mais, plus important, nous avions également un classement et nous déterminions le film de la partie. Tout cela était évidemment soigneusement enregistré et noté par le docteur Orlof qui témoignait déjà bien par-là de son goût pour les archives.

Que dire ? Ce jeu en apparence anodin avait un côté un peu surréaliste car c’est je pense assez rare que Les Compères côtoient Robocop. Il y avait les cartes toutes pourries, celles avec qui vous saviez que vous n’iriez pas bien loin : Comme un oiseau sur la branche, rien qu’à voir l’affiche vous saviez que c’était mort. A l’inverse, il y avait les indétrônables : The King of New York, Working Girl… Et puis, il y avait ces films plus mitigés: La Belle Noiseuse, adulée par presque tous mais que deux ou trois critiques avaient détesté et qui, à cause d’un mauvais lancer, pouvait dégager, ou des films comme A propos d’Henry qui, sur un malentendu, pouvait aller assez loin dans la compétition. C’était assez grisant je le reconnais : on soupirait devant la photo de Mel Gibson sur une affiche, on craignait les suites (Argh non pas Highlander III !), on jubilait quand on parvenait à battre un « gros » film avec Le jumeau… Ainsi, au fil du temps, j’ai acquis une certaine culture cinéphile de façade et me suis uniquement fiée, quand j’y songe, aux appréciations de Mad Movie pour juger un film. OK, en fait le jeu du docteur Orlof n’était pas si génial que ça. Reste que ces séances ont agréablement occupé de nombreuses soirées et me laissent un souvenir ému. Merci donc à mon frère pour cela ainsi que pour ses articles aujourd’hui qui me permettent de répondre aux questionnaires de cinéma des jeux télévisés et de frimer en parlant de films obscurs que je n’irai jamais voir.

Plus sérieusement, merci pour des critiques comme celles de Bright Star ou de Grand Budapest Hotel qui m’ont incitée à aller au cinéma pour m’en rendre compte par moi-même. Longue vie au blog et j’attends toujours, ceci dit, ta critique de Comme un oiseau sur la branche

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