Théo ne lisait certainement pas ce blog au moment de sa création pour la bonne et simple raison qu’il n’avait que… six ans ! Comme je le disais à propos de Barbara, il fait partie de ces (très) jeunes cinéphiles qui m’impressionnent par leur maturité et leur connaissance déjà très pointue du cinéma (à un âge où je ne jurais que par le festival d’Avoriaz et les comédies de la troupe du Splendid !). En plus d’avoir une excellente culture cinématographique et une vision de cet art très affirmé, Théo est le plus courtois des cinéphiles, ne se laissant jamais aller à des jugements péremptoires (son art d’argumenter est déjà proverbial sur Twitter où il lui faut au moins douze tweets pour exprimer sa pensée) ou à des colères intempestives. Il a déjà écrit quelques articles pour le site Cinecdoche (dont un très beau sur La vie d’Adèle de Kéchiche) et il fait partie de la jeune et dynamique équipe d’Outsiders.

Théo Charrière, retenez bien ce nom : quelque chose me dit que vous en entendrez forcément parler un jour !

adele.jpg

***

Ce qu’il y a de très beau avec les critiques du docteur Orlof, c’est qu’elles assument pleinement leur fugacité : écrites dans l’instant, se justifiant d’abord par l’urgence, sachant qu’un jour elles seront noyées dans quelque chose de plus large qu’elles. L’on se perd avec plaisir dans cet amas d’émotions –parce que l’on sait bien que les grandes critiques sont celles qui parviennent à viser quelque chose de l’ordre de la révélation tout en ne reniant jamais la subjectivité d’un ressenti. Ainsi peut-on aisément pardonner les accès de mauvaise foi cinéphile (« j’admets volontiers qu’on puisse aimer ses films mais j’affirme que ce n’est pas un grand metteur en scène », à propos de Spielberg, bête noire de la plume électrique), disons celle qui nous anime tous, tout simplement parce que cet ensemble est poursuivi par l’idée la plus romantique qui soit de l’exercice critique. L’on voit, l’on écrit, et puis l’on jette aux loups. Il faut en outre tout suivre sur Twitter, Facebook, avec des porte-jarretelles et des colères, des admirations (souvent partagées, de Resnais à Cronenberg) et des éphémérides. Le blog est alors cela, et c’est déjà énorme : une boîte précieuse dont l’on ôterait chaque jour une feuille pour en ouvrir une autre. Et il s’agit d’en retrouver certaines, un matin, au recoin d’un débat –là seulement, plus qu’un réceptacle d’analyses, il s’agit bien du plus frais des journaux intimes, celui des fluctuations d’une passion.

Encore dix années, dix années de sables mouvants, dix années de goûts et de couleurs !

 

Retour à l'accueil