C'est grâce au bloc-notes d'Adrien Gombeaud que mon blog a été cité une fois dans les colonnes de Positif et je dois admettre en avoir tiré une certaine fierté. Ce qui m'a valu ce très sympathique clin d'oeil, c'est une note que j'ai consacrée il y a fort longtemps à un nanar de Michel Vocoret où j'égratignais gentiment la théorie du "cinéma subtil" lancée par Burdeau et Frodon dans les Cahiers à cette époque (mais qui s'en souvient aujourd'hui?) 
Depuis, Michel Vocoret est devenu une sorte de signe de ralliement entre Adrien Gombeaud et moi sur Twitter où il fait partie de ceux que j'ai surnommé "les sages". En effet, parmi les critiques professionnels (outre Positif, il publie aussi dans Les échos) qui officient sur ce réseau social, Adrien est l'un des plus ouverts, des plus accueillants et des plus aimables. Sans jamais se départir de son sens de l'humour, il entre dans les débats sans jamais hausser le ton et en faisant preuve d'une grande ouverture d'esprit. C'est donc un avec un plaisir égal à celui que j'ai à dialoguer régulièrement avec lui que je publie ici sa contribution aux 10 ans de ce blog en le remerciant très chaleureusement. 

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Les ordonnances sévères du bon Docteur Orlof

L’ouverture du cabinet du Docteur correspond à peu près mon entrée au comité de rédaction de Positif. Dix ans, ce n’est pas grand-chose dans l’histoire d’une revue comme la notre. Je suis loin d’être un ancien, même si je ne suis plus le plus jeune. En revanche, à l’échelle de la blogosphère cinéphile, 10 ans c’est une éternité. Le Docteur Orlof est donc déjà une sommité. 
Je l’ai rencontré via Nightswimming, le site d’Edouard qui recensait la saga de Positif et des Cahiers. J’admirais l’entreprise titanesque d’Edouard mais j’aimais aussi lire les commentaires… dont ceux du bon Docteur. Nightswimming a fermé sous son ancienne forme, Orlof est devenu mon médecin traitant même si je vais régulièrement chercher des ordonnances chez Cinémoije ou chez la Critique clandestine. Et comme nous nous retrouvons presque chaque jour sur Twitter, je dois être hypocondriaque.

Je ne tiens pas de blog mais il me semble que le bon critique web ne diffère pas dans le fond du bon critique professionnel. Il trouve son lectorat par son goût, l’originalité de ses idées et sa façon de les exprimer. Les choses divergent à la pratique. Le bloggeur maîtrise bien sûr une technologie particulière. L’art de poster des vidéos ou de glisser des liens hypertextes ici ou là n’a néanmoins qu’un rapport secondaire avec le succès d’un blog. Le bien le plus précieux, ce que l’e-cinéphile doit préserver coûte que coûte, reste sa liberté. Il n’est pas limité par le nombre de signes ou par le format d’une publication officielle. Il est (si possible) financièrement indépendant. Il chronique les films non pas au gré du calendrier des sorties mais au gré de ses sorties à lui. Il peut ainsi poster une note sur Michel Vocoret le jour où sort le blockbuster le plus attendu de la rentrée… Bref, il n’a de compte à rendre à personne. Sauf à ses lecteurs. Il me semble que les bons blogs ciné sont justement ceux qui, tout en cultivant cette liberté, ont su inventer une forme précise et cohérente. Ils ont trouvé un ton bien à eux, un refrain que l’on retient… l’épice mystérieuse qui vous donne envie de revenir dans un bistro, en sachant que le plat du jour change mais que le cuistot reste fidèle au fourneau. Voilà je pense le premier secret de la longévité… l’autre, c’est bien sûr la générosité. Une façon de donner son temps comme d’autres donnent leur sang. Peut-être est-ce pour cela que sur l’écran de sa blouse blanche, le Docteur arbore depuis dix ans le pseudo d’un héros de Jess Franco.
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