Le sympathique clin d’œil de Barbara va me donner l’occasion de vous conter une anecdote non pas « douloureuse » (ça serait exagéré de l’écrire) mais qui m’a quand même marqué. Il y a fort longtemps, j’avais des échanges réguliers (via les commentaires) avec un jeune cinéphile passionné (il doit désormais avoir l’âge que j’avais quand j’ai débuté mon blog). Très influencé par Zohiloff, il consacre un jour une note assassine à Duel au soleil. Comme j’adore le film de King Vidor, je me fends d’un petit commentaire où je lui recommande d’attendre quelques années et de revoir plus tard ce chef-d’œuvre du mélodrame flamboyant. Dans mon souvenir, c’était vraiment en toute bonne foi que j’avais fait cette remarque, m’appuyant sur mon expérience personnelle pour souligner que les goûts peuvent évoluer avec l’âge et qu’on revient souvent vers ce qu’on a rejeté à l’adolescence (il ne fallait surtout pas me parler de John Wayne et de Hitchcock à 18 ans !). Mais mon correspondant a très mal pris la chose et a jugé mon commentaire condescendant. Cette histoire m’est revenue il y a peu quand un autre internaute m’a posé la question (sans la moindre agressivité) « à quand remonte le dernier succès populaire que tu aies adoré ? ».

Au-delà du fait que j’ignore parfaitement ce que peut signifier « populaire », je dois admettre que cette question m’a fait m’interroger. Au fur et à mesure qu’on prend de l’âge, deviendrait-on des « vieux cons » incapables de s’adapter aux mutations du cinéma contemporain ? Perdrait-on toute curiosité pour se concentrer sur ce qui est susceptible de nous plaire ? (vu les prix des places de cinéma, je préfère réserver mon argent pour le dernier Hong Sang-Soo plutôt que de le perdre pour Godzilla ou X-Men !)

Honnêtement, je l’ignore mais si j’ai parfois le sentiment d’être un peu déphasé, il me semble aussi que je suis toujours capable de nouer des liens amicaux avec des jeunes cinéphiles. Je suis d’ailleurs souvent frappé par leur maturité (que je n’avais pas à leur âge), leur culture et leur enthousiasme. Nous reparlerons prochainement de Théo et de Louis mais commençons donc par Barbara que j’ai rencontrée sur Twitter. Etudiante en cinéma, elle connaît sur le bout des doigts le cinéma de Tarkovski et de Bela Tarr et s’intéresse également à Ferrara et Godard. Même si de nombreuses années nous séparent, je n’ai pas l’impression de parler à une extra-terrestre et je me dis qu’au-delà des générations, un même goût du cinéma peut nous rassembler.

Du moins, je l’espère… 

 

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barbara

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