10 ans de blog : 50- Benjamin Fauré
Comme il l’explique très bien, Benjamin fut d’abord un collègue sur Kinok. Et c’est par ce biais que j’ai découvert son (excellent) blog : La kinopithèque. Depuis, c’est devenu un compagnon de route un peu secret mais avec qui j’ai plaisir à débattre. Une petite précision par rapport à sa contribution : je n’ai pas aimé du tout le dernier Almodovar (Les amants passagers) mais c’est l’avant-dernier que j’ai beaucoup défendu. D’un autre côté, je suis très flatté que Benjamin ait apprécié ma critique de De Nuremberg à Nuremberg et le remercie pour son très sympathique hommage…
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Le Dr Orlof me fait peur. Un peu. D'abord parce que c'est un docteur,
donc docte et respectable, et par ses billets, apprécié et appréciable.
Bref, je suis intimidé. Après avoir courtoisement croisé le fer (et
Abordage n'existait pas) à propos de ciné avec des amis par courriel
(nous sommes en 2004 ou pas loin, le blog du Doc, lui, devait déjà
exister), j'ai timidement fait mon entrée dans Kinok (je découvre La
chevauchée fantastique sous le regard bienveillant de Vincent, me fais
un peu dérouillé par Laurent d'avoir un peu dérouillé Ne te retourne pas
de Marina De Van, reste admiratif devant la critique de Nuremberg à
Nuremberg d'un autre Vincent, découvrais qu'il existait en Nachiketas
une autre personne sur Terre à apprécier Hulk d'Ang Lee...). Et le Doc
dans cette équipe. Malheureusement, Kinok vivait ses derniers mois.
Qu'importe j'avais connaissance de ses auteurs, de leurs noms et la
plupart, quand ils ne publiaient pas dans Les Cahiers ou ailleurs (ô
plume du-mesnildienne !), pratiquait cet exercice de patience et de
passion qu'est le blog (Edouard, Ludovic, Timothée...).
Alors oui, le Doc n'aime pas Honoré ni Ozon et méprise les élites
auteuristes. Je suis convaincu que c'est une pose, une originalité et
rien d'autre. Et puis c'est pas grave puisqu'on peut se retrouver dans
ses amours : Truffaut, Rohmer, Demy... Ou encore Bonello et Mouret pour
citer des vivants. Le Doc évite le clinquant, le par trop central et
part se réfugier dans certaines marges, les ombres et des fois les
recoins humides. Là j'ajoute sur un petit carnet (chère liste, très
chère liste, que deviendrait le cinéphile sans toi ?) des noms à
découvrir, des univers à explorer : Gérard Courant (dont j'ignore tout
sauf l'idée pour moi encore un peu vague d'une cinéphilie sportive –
approche comparable, peut-être, quoique dans un autre domaine, à celle
séduisante de Joseph Morsel pour qui L'histoire du Moyen Âge est un
sport de combat) ou Jean Rolin (que je ne connais encore que trop
peu)... Voilà. Qu'on se le dise : le Dr Orlof et son blog comptent. J'en
veux pour preuve notre crainte à lire du trop cinglant à propos de
Jarmusch (ses vampires l'ont échappé belle) ou de Wenders. Notre
soulagement à lire que tout va bien dans le dernier Almodovar ou que le
film du moment que l'on veut le plus voir a toute son estime (en ce
moment c'est Under the skin de Glazer). Je regarde mes pieds quand je
lis ses intentions premières (« ne pas se lancer dans une énième exégèse
hitchcockienne »). Il y a deux autres noms que j'oublie. Des noms à
ajouter à la liste, non des moindres, c'est Jess Franco (disparu cette
année non ?) et une de ses créatures, le Dr Orlof !
Bon anniversaire.