10 ans de blog : 9- Céline P.
J'ai toujours été très circonspect quant à la question de « l'éducation au cinéma ». Trop de mauvais souvenirs de professeurs ne voyant dans le cinéma qu'une illustration potentielle pour un cours d'histoire, de français ou même de langue (qui d'entre nous n'a pas vu au moins une fois la première heure d'Out of Africa ou d'un film de ce style en cours d'anglais?). Je me souviens également d'une avant-première d'Un long dimanche de fiançailles devant un parterre de profs qui suscita cette réaction : « c'est un bon film mais difficile à exploiter pédagogiquement » alors qu'il aurait fallu hurler qu'on se fout de la pédagogie et que le film de Jeunet était surtout très médiocre ! De la même manière, j'ai eu quelques discussions vives avec certains collègues (profs de philo et d'histoire) en affirmant qu'Inglorious basterds était un film infiniment supérieur à l'horrible La chute.
Et puis j'ai rencontré Céline qui enseigne l'histoire et le cinéma. Et j'ai réalisé qu'on pouvait être professeur et considérer le cinéma comme un art « autonome ». C'est sur Twitter que nous avons commencé à échanger. Puis Céline a décidé de franchir le cap et d'ouvrir son propre blog où s'expriment à merveille sa sensibilité, ses avis éclairés et argumentés, la profondeur de ses analyses. Même si les blogs sont en perte de vitesse, celui-ci prouve qu'ils peuvent rester un espace privilégié d'écriture, de réflexions et d'échanges.
Je n’énumérerai pas ici toutes les qualités de celle qui vient d'intégrer l'équipe de Zoom Arrière : il suffit de la suivre et de la lire pour savoir que c'est une personne hautement recommandable...
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UN PEU PLUS DE 140 SIGNES
Je ne sais plus qui a suivi l’autre en premier. Je venais de débarquer. Je voulais écouter les autres, mais je me suis mise rapidement à parler. Il fut presque mon premier abonné, un abonné qui accueille chaleureusement. Dans la communauté des cinéphiles qui gazouillent en quelques signes leur point de vue sur les films, nous sommes souvent les deux provinciaux qui se désespèrent de ne pas voir arriver dans leurs salles ce qui fait cancaner les parisiens. Mais en 140 signes, on ne dit pas grand-chose. Les contraintes de l’exercice laissent peu de place à l’argumentation et favorisent tous les excès. Surtout, on n’a peu de place pour dire que dans cet espace de la provocation, de la rumeur ou de la communication marchande, de belles rencontres sont possibles.
J’ai d’abord rencontré Pierrot le docteur ès Top 5 et éphéméride, puis Orlof, le docteur ès blog hyperactif, avec son petit bonhomme rouge d’amour pour Belle de Jour ou vert d’écœurement devant Only God forgives. Ce petit personnage aux expressions particulièrement variées illustre parfaitement son sens de la nuance et de la mesure, car ici, on ne se contente pas d’une sentence et de quelques étoiles. Ici, on s’attache à écrire sur tous les films, à partager des lectures, à répondre aux commentaires et à inviter les amis.
Et puis, soudain, de lectures en échanges :
« ORLOF ET PIERROT SONT DANS UN BATEAU… ET C’EST CELINE QUI SE JETTE A L’EAU ! »
Si mes calculs sont bons, son Journal Cinéma est riche de 1309 articles ; mes Critiques clandestines sont au nombre de 27. Son blog fête aujourd’hui ses 10 ans, le mien n’a pas encore soufflé sa première bougie. Il a connu l’âge d’or des blogs et me dit que c’est plus difficile maintenant. Il a sûrement raison. Mais qu’importe le nombre de visiteurs, de commentaires ou de pouces levés ; si je connais à nouveau le plaisir à écrire et si j’ai découvert celui de partager cela au-delà d’un cercle restreint d’amis, c’est en grande partie à Vincent –le nouvel ami- que je le dois.