cinéma(ra)t(h)on : J-101
Cinématon 2281-2310 (2010) de Gérard Courant
Frigide Barjot Cinématon n°2295
Pour tenter une habile transition avec le récit de mon entrée dans la grande famille de Cinématon, évoquons d'emblée le cas du philosophe et peintre grec Kostas Mavrakis (n°2282) qui présente, lui aussi, des livres (mais les siens!) et des reproductions de ses œuvres. Seul problème : il va beaucoup trop vite et le spectateur n'a pas le temps de bien voir ce qu'il est en train de montrer.
Une fois de plus, les soirées chez Alain Paucard vont constituer les grands moments de l'étape du jour. Le 27 mai 2010, Gérard Courant immortalise Élisabeth Lévy (n°2284) (que je peux désormais considérer comme ma « patronne » puisque j'ai écris quelques textes pour le site Causeur) qui n'a pas l'air très à l'aise. Soirée très calme où l'écrivain Jean-Louis Harouel (n°2286) défera son nœud papillon avant de le refaire avec dextérité alors que le journaliste Alain Baron (n°2287) répondra au téléphone.
La réception du 14 septembre 2010 sera plus riche puisque nous croiserons les membres « historiques » de la revue Jalons (ceux là même que le grand Manchette qualifiait de « sale pédés décadents ») que ce soit Basile de Koch (n°2294) qui lit son journal en écoutant de la musique, vêtu d'une improbable chemise en jean sans manches ou l'horripilante dame patronnesse des anti « mariage homosexuel » Frigide Barjot (n°2295) qui profite de son temps à l'écran pour se recoiffer et se pomponner. La chanteuse Lou-Mary (n°2296) ne semble avoir aucune envie de se faire filmer et cherche à se cacher (derrière ses cheveux ou ses mains). Elle fait d'ailleurs ce qu'il faut éviter en ce sens qu'on finit par ne voir plus que ce qu'elle cherche à cacher, à savoir un petit bouton au-dessus du menton...
Cette soirée m'a permis de découvrir le visage de l'excellent écrivain Olivier Maulin (n°2299), auteur d'un premier roman, En attendant le roi du monde, que j'ai beaucoup aimé. Arrive ensuite Agnès Bitton (n°2300), une avocate qui commence très calmement son Cinématon en lisant De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll avant de lâcher son livre pour se déhancher frénétiquement et se verser de l'eau dans les cheveux et sur le visage. Le dispositif diabolique de Courant aurait-il des effets indésirables comme l'hystérie ou la transe ?
Le 30 septembre 2010, Courant ne tournera qu'un portrait chez Alain Paucard, celui de Simonne Jean (n°2302), responsable d'une revue de poésie.
Entre ces différentes soirées, nous aurons eu l'occasion de découvrir une historienne du cinéma, spécialiste d'André Sauvage, Isabelle Marinone (n°2290) que je cite parce qu'elle enseigne à Dijon et que j'enrage à l'idée de n'avoir pas pu me rendre à la conférence qu'elle a donnée sur Godard récemment ! Pour la quatrième fois, Gérard Courant retrouve l'un de ses vieux complices : le grand cinéaste Boris Lehman (n°2292) qui commence par filmer son filmeur, puis le photographie avant de dissimuler son visage derrière le catalogue de l'exposition Chefs-d’œuvre? du Centre Pompidou Metz où Courant exposait l'une de ses œuvres (sa compression d' A bout de souffle).
Début octobre 2010, Courant se rend à Lucca en Italie (où il filmera Abel Ferrara) et poursuit sa série de portraits. Les premiers vus ne sont pas transcendants. Citons néanmoins, avant de nous quitter, celui de Nicola Borrelli (n°2310) qui pose devant une porte dont les poignées forment des espèces de cornes au-dessus de sa tête. Au bout de quelques instants, il quitte son poste devant la caméra et tout se passera alors dans les reflets de la porte vitrée : on le voit discuter avec le cinéaste avant qu'un homme arrive et ouvre l'un des battants de ladite porte pour faire disparaître à jamais son image...