Cinématon 2431-2460 (2011) de Gérard Courant

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Nujom Al Ghanem Cinématon n°2447

 

Reprendre le marathon cinématonesque aujourd'hui revient à peu près à reprendre la course à pied après quelques mois d’interruption. La route paraît tout de suite plus dure, les jambes plus lourdes et la motivation peine parfois un peu à venir. Et peu à peu, on s'habitue à nouveau au rythme et on se dit qu'on ne laissera plus passer autant de temps avant de s'y remettre.

L'étape du jour fut d'autant plus rude qu'il n'y eut aucune « tête d'affiche » pour me stimuler ou aiguiser ma curiosité. Elle a débuté en douceur, chez Alain Paucard, avec une jolie étudiante qui lit Haute solitude de Fargue (Sarah Osrodka, n°2431) puis un libraire qui joue sans arrêt avec son bouc (Nicolas Millet, n°2432).

 

Ensuite, Gérard Courant va faire quelques séjours du côté de la Cinémathèque de Bourgogne en cette fin d'année 2011, occasion pour moi de repérer quelques visages connus. C'est Aurélie Brénachot (n°2433) qui ouvre le bal mais qui dissimule rapidement sa figure derrière un carton appelant les bonnes volontés à aider ladite Cinémathèque. Robin Louvet (n°2434) pose devant des bobines de films, Sébastien Bidalot (n°2438) devant les rayonnages d'une bibliothèque bien fournie en livres sur le cinéma et Jules Fontaine (n°2437) devant des photos de Jean Douchet, le Saint-patron du lieu. Ce dernier semble d'ailleurs très nerveux et préoccupé (est-ce qu'il joue?) et cette impression est renforcée par le sentiment que le film est légèrement accéléré et qu'il donne un tour saccadé à chaque mouvement du modèle.

 

En décembre 2011, le cinéaste repart pour Dubaï où, une fois de plus, il va s'en donner à cœur joie pour compléter son impressionnante collection de portraits. Comme je le soulignais la dernière fois, de nombreuses nationalités vont être représentées à l'écran et ce n'est pas une chose commune que de voir se succéder des cinéastes palestiniens, syriens, émiratis, jordaniens ou libanais. C'est d'autant plus étonnant que, parmi eux, deux cinéastes sont des femmes. Nujoom Al Ghanem (n°2447) vient des Émirats Arabes Unis et est à la fois poète et cinéaste. Pour Gérard Courant, elle dénoue le voile qu'elle porte sur la tête, laissant ainsi voir sa chevelure, ne l'enlève pas totalement et ne le renoue qu'à la fin du portrait. C'est peut-être une interprétation d'un occidental borné mais j'y ai vu là un geste d'une grande liberté.

 

Pour être tout à fait franc, ces Cinématons ne sont pas les plus passionnants de la série. La majeure partie des modèles ne fait absolument rien et le spectateur se concentre alors sur l'arrière-plan lorsqu'il n'est pas cuit par le soleil. On rêve de pouvoir lézarder sous ces palmiers ou de profiter de la quiétude de l'étang qui sert de décor au portrait de la française Florence Corre (n°2456). Parfois, c'est la foule des badauds qui passe derrière l'acteur Ahmed Al-Hassoni (n°2445) qui attire l’œil et permet de constater qu'il y a beaucoup de touristes à Dubaï.

D'autres fois encore, c'est un détail incongru qui force l'intérêt. Gérard Courant a, par exemple, filmé un employé de festival allemand, Gilles Kadereit (n°2452) qui pose devant une espèce de sapin de Noël (nous sommes en décembre). Un arbre pareil tout décoré sous le soleil et à côté des palmiers : avouez que ce n'est pas banal ! Juste après, l'horrible piercing pointu de l'indien Omar Khan (n°2453) nous a fait venir à l'esprit une question capitale : est-ce que ce jeune homme d'allure si sympathique oblitère systématiquement le menton ou les joues de ceux qu'il embrasse ?

 

Pour terminer, le seul qui « agit » un petit peu est Laith Al-Majali (n°2459), un photographe, éditeur et producteur jordanien, puisqu'il sort toute une panoplie d'appareils photos pour mitrailler Courant avant de montrer à la caméra une série de photos (on suppose que ce sont les siennes) qu'il fait défiler sur sa tablette, montrant ainsi pour la première foiscet appareil dans Cinématon, film-témoin à sa manière des innovations technologiques...

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