Cinéma(ra)t(h)on : J-108
Cinématon 2491-2520 (2011-2012) de Gérard Courant
Gabriel Matzneff Cinématon n°2507
L'avantage de commenter « en direct » une série de Cinématons, c'est que cela m'a permis de faire un effort d'attention afin de trouver, pour chaque portrait, un angle d'attaque original et quelques mots à dire. En reprenant le cours normal de notre chronique, les portraits ont un peu tendance à tous se mélanger dans mon esprit, notamment les treize derniers tournés à Dubaï fin 2011.
La journaliste égyptienne Shimaa Bakr Othman (n°2495) arrive néanmoins à attirer l’attention en parvenant à faire vivre le hors-champ de son portrait. Elle commence par prendre une photo en regardant sur sa droite (vers le bord cadre gauche pour le spectateur) puis salue quelqu'un sur sa gauche avant de sursauter et de reculer brusquement après avoir vu (entendu?) quelque chose (ou quelqu'un?) sur sa droite. Cette surprise la pousse même à sortir du cadre par la droite. Tout cela peut paraître anodin mais donne beaucoup de vie à ce portrait.
A sa suite, le cinéaste égyptien Saad Handawy (n°2496) profite de son temps devant la caméra pour passer ses coups de fil.
Le dernier des Cinématons notables de ce séjour à Dubaï est, sans nul doute, celui de Sanae Bekkali (n°2498) qui a la particularité d'être à la fois pharmacienne, présentatrice à la télévision et conseillère du ministre de la jeunesse et des sports marocain. Ce n'est pas tant elle qui frappe le spectateur que la configuration de son portrait. Elle doit être dans un café (ou un restaurant), juste à côté d'un escalier. Du coup, la légère contre-plongée du film donne une importance primordiale à l'étage supérieur du lieu où s'agitent de nombreuses personnes. Le spectateur finit par ne plus regarder que ça : le mouvement de la foule, ces hommes en turban qui s'agitent et ces femmes en robes de soirée.
Début 2012, Gérard Courant revient à Paris et continue ses portraits chez Alain Paucard où il va pouvoir immortaliser un certain nombre d'écrivains. Le plus célèbre est, bien entendu, le controversé Gabriel Matzneff (n°2507), déjà filmé par le cinéaste près de trente ans auparavant, qui mange son petit four et boit son verre de rouge. Matzneff tournera également pour la série Lire de Courant et je dois dire que les passages de ses ouvrages qu'il lira m'ont donné envie de découvrir cet écrivain. Il convient également de citer Florence de Baudus (n°2504) qui s'amuse à passer sa main devant son visage, de haut en bas et de bas en haut, et à changer d'expression à chaque mouvement (visage souriant, contrarié, endormi, étonné...) ou encore le prolifique Christian Giudicelli (n°2509) qui, ici, se contente de rester le plus stoïque possible.
D'autres Cinématons vont être tournés à Montreuil, chez le cinéaste. L'étudiante indonésienne Puput Kuspujiati (n°2511) regarde à la télévision A bloc, le film où Courant présente une version compressée puis décompressée d'A bout de souffle de Godard. Du coup, la demoiselle est quasiment toujours filmée de dos. La cinéaste brésilienne Fernanda Vareille Setnof (n°2512) pose d'abord en affichant un air sévère avant de se dérider peu à peu et de terminer sur un radieux sourire.
En avril 2012, Gérard Courant va effectuer un nouveau séjour à Dubaï et nous proposer près d'une centaine (!) de portraits. Avant cela, il y aura eu une nouvelle escapade chez Alain Paucard où l'on croisera le célèbre critique et éditeur Raphaël Sorin (n°2514) qui participa, entre autres, à l'aventure des mythiques maisons d'édition Champ Libre et Le Sagittaire en compagnie de Gérard Guégan et qui affiche ici le visage sévère d'un austère professeur de lettres balladurien.
Pour le début de cette nouvelle série à Dubaï, rien de vraiment notable à se mettre sous la dent sinon souligner que Gérard Courant commence par filmer quatre jolis brins de filles. Citons-les pour la bonne bouche : l'employée de festival russe Yelena Larionova (n°2515), l'écrivain, cinéaste et actrice émirati Sara Al Nuaimi (n°2516), l'enseignante et artiste française (mais d'origine malgache, je suppose) Nirina Ralantoaritsimba (n°2517) et l'écrivain et présentatrice de télé syrienne Lana Al Jundi (n°2518) qui danse sur place et envoie des SMS.
Avant de quitter Dubaï provisoirement (car les prochaines étapes de ce marathon risquent bien d'y être entièrement consacrées!), signalons que le cinéaste irakien Sahim Omar Kalifa (n°2519) tombe dans le piège de la grimace mais nous lui pardonnons dans la mesure où son portrait a été tourné très tard (1h10)...