Cinématon 271-280 (1983) de Gérard Courant

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Gary Indiana Cinématon n°271

 

On débute l’année 1983 en douceur avec une petite étape de transition.

Pas de noms très connus (le critique Yann Lardeau -n°272- peut-être, parce qu’il a écrit un livre sur Fassbinder) mais deux portraits intéressants.

Le premier, c’est celui du comédien et critique de cinéma américain Gary Indiana, n°271, qui commence par écrire sur une feuille une citation de Wittgenstein qui nous dit que regarder les choses ne nous apprend rien. L’idée est assez classique mais met habilement en péril le dispositif du Cinématon : si le visage de l’homme apparaît finalement à la toute fin du film, le carton nous aura mis en garde en nous apprenant à nous méfier de ce que peut percevoir notre regard.

Le deuxième est celui d’un « fonctionnaire du cinéma » (qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?), Alain Bégramian (n°280). Le Cinématon est tourné sur la Croisette à Cannes et le modèle disparaît soudainement du champ, laissant alors la caméra de Courant filmer le mouvement des promeneurs cannois comme au temps des frères Lumière. C’est ensuite le hasard qui se charge de construire joliment le film puisque la foule qui passait derrière Bégramian semble soudain se volatiliser en même temps que lui, au point que la caméra ne saisit plus qu’une simple silhouette assise de dos sur un banc. Et c’est au moment précis où le cadre s’est dépeuplé que notre homme choisit de se montrer à nouveau et que, comme par enchantement, d’autres promeneurs reviennent dans le champ.

On va me dire que j’affabule, que j’extrapole, que je sombre dans un « delirim cinematomens » mais c’est peut-être aussi là que ce situe la grandeur du cinéma de Courant.

Alors que tant de films guident rigidement notre regard vers le centre de l’écran (il faut se focaliser sur une action, un détail, une émotion…), celui de Courant fait partie des rares qui invite l’œil à se balader dans tous les coins du cadre, à vagabonder et à y dénicher mille détails.

Un cinéma ouvert, en quelque sorte.

Catégories : Cinémarathon
Cinéma(ra)t(h)on : J-10
Le désespéré
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