Cinématon 482-500 (1985) de Gérard Courant

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Louis Calaferte Cinématon n°491

 

L’objectif du jour était, bien évidemment, d’atteindre la borne 500 de mon grand marathon. J’ai bien conscience que la route est encore longue (j’ai seulement regardé un peu plus d’un cinquième du film) mais, psychologiquement, cette étape est importante. Le chemin qui a mené à ce nombre symbolique fut, il faut bien l’avouer, un peu fastidieux.

Beaucoup de portraits « ordinaires » (pour ne pas dire « ternes ») dans cette série, peu de femmes (5 sur 19) et peu d’inventions.

Un photographe montre des photos (Pascal Martin, n°483) et un plasticien (Jef Gravis, n°488) montre ses œuvres sans parvenir réellement à accrocher notre regard.

Côté cinéaste, Yves Boisset (n°489) débarque avec un collant sur la tête, commence un « strip-tease » : il enlève, de dos, ledit collant, son manteau, sa veste, sa cravate, sa chemise puis se retourne, fait un bras d’honneur à la caméra et se fige. Est-ce parce que je n’aime pas les films de ce réalisateur que ce Cinématon m’a laissé froid ? Pas sûr puisque lui-même ne semblait pas apprécier sa « performance ». Laissons la parole à Gérard Courant :

 

« Quand il vint se voir, il sembla déçu et partit comme un voleur au moment où les lumières s’allumaient. Une groupie l’aperçut, le poursuivant dans la rue et s’accrocha à lui. Pour une sortie discrète, ce fut réussi ! »

 

Plus captivant, le portrait pourtant très « statique » de Louis Calaferte (n°491). L’écrivain, qui se contente de fumer sa pipe, m’a un peu fait penser à Samuel Fuller (je ne parle pas de ressemblance physique, bien entendu) dans la manière qu’il a de n’afficher qu’une pure « présence » à l’écran. Avec des gens de cette stature, inutile d’en faire des tonnes : l’aura suffit.

Finalement, les Cinématons les plus intéressants du lot furent ceux où les modèles jouèrent avec le cadre. Tandis qu’assis sur un banc que Gérard Courant pousse en douceur de droite à gauche (voilà donc un « faux » travelling dans Cinématon !), le directeur de galerie Ghislain Mollet-Viéville (n°494) reste impassible ; Monique Hébré (n°490) laisse le loisir aux spectateurs de contempler une belle vue de Paris (elle est montée sur le génie de la Bastille) et glisse comme un fantôme devant l’objectif de la caméra (elle est souvent hors champ et ne montre parfois que ses cheveux).

Mais comme toujours, c’est le hasard qui fait le mieux les choses. Le Cinématon de Christian Blanchet[1] (n°496) commence de manière classique puisque le critique invite le spectateur, par le biais d’un carton, à réfléchir sur un sujet de rédaction à partir d’une phrase de Serge Daney. Mais soudain, l’éclairage du film change et la stupeur se lit sur le visage du modèle. Que s’est-il passé ? Un spot de lumière est tout simplement tombé et a explosé « dans un bruit assourdissant » (dixit Courant). Si le dispositif du film permet de saisir toutes les émotions imaginables, c’est peut-être la première fois qu’il capture avec autant de force la surprise et la peur sur le visage d’un de ses modèles… 



[1] Je me demandais où j’avais déjà pu lire ce nom lorsque j’ai réalisé que je possède le livre que Blanchet a écrit sur Chabrol aux éditions Rivages.

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