Cinéma(ra)t(h)on : J-27
Cinématon 601-605 (1985) de Gérard Courant
Terry Gilliam Cinématon n°601
L’étape du jour fut courte mais d’une rare intensité. Comme il y eut le 17 juillet 1982 (la journée Bonnaire/Pialat), il est évident que le 8 septembre 1985 ne fut pas un jour comme les autres dans l’histoire de Cinématon.
Le cinéaste est alors à Deauville et il va filmer ce jour-là trois grands cinéastes.
Le premier, par ordre d’apparition, est Terry Gilliam (n°601). Inutile de m’appesantir sur ce portrait dont j’ai déjà parlé et qui reste l’un des plus célèbres de l’œuvre entière (on peut le voir très facilement en ligne). Outre la renommée du réalisateur de Brazil, ce Cinématon reste également un modèle d’improvisation réussie, où Gilliam témoigne d’un sens du cadre et du comique assez stupéfiant dans la mesure où il se déploie dans un dispositif vraiment minimaliste. Une petite merveille dont on ne se lasse pas !
Un quart d’heure après l’ancien Monty Python, c’est tout simplement Samuel Fuller (n°602) qui passe devant la caméra de Courant. L’auteur de Shock corridor et de Forty guns reste beaucoup plus sobre et se contente d’allumer (avec beaucoup de difficultés !) un impressionnant barreau de chaise. Mais il lui suffit d’être là pour captiver le spectateur par sa prestance et l’aura de son visage buriné. Il n’y aura pas d’amour dans ce Cinématon, ni de haine, d’action, de violence ou de morts et, pourtant, il parvient à dégager beaucoup d’émotion…
Moins célèbre, le scénariste Jean Curtelin (n°603) a le malheur de passer juste après ces deux monstres sacrés. Ca n’est pourtant pas inintéressant de découvrir le visage du réalisateur de Suivez mon regard qui écrivit également pour Chabrol, Amar ou Mireille Darc.
Après Mourousi et PPDA, Alain Bévérini (n°604) est le troisième homme tronc télévisuel (et le deuxième journaliste de TF1 très légitimement entarté !) à venir pavoiser devant la caméra de Gérard Courant. Même s’il est bien plus agréable de voir ces gens sans le son, son portrait n’a rien d’exceptionnel et l’on est plus ému en regardant la sympathique bonhomie d’Alexandre Astruc (n°605) qui est sans doute la personnalité du monde du cinéma que Courant ne devait absolument pas louper puisque comme il l’écrit lui-même, il s’agit d’un « théoricien de la caméra-stylo filmé par son praticien. »…