Cinématon 670-690 (1986) de Gérard Courant

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Denis Fontaine Cinématon n°690

 

Pour la première fois depuis le début de ma course, je suis dans l’incapacité de vous citer un seul nom célèbre. L’étape ne nous a présenté que des visages parfaitement inconnus et nous ne pourrons même pas évoquer la présence d’un obscur critique de nous seul connu ou celle d’un cinéaste expérimental oeuvrant dans son coin.

Pourtant, ce voyage qui se déroula essentiellement à Poitiers nous réserva quelques bonnes surprises. Il nous a permis de réaliser qu’en plus d’être la ville la plus ennuyeuse de France (que mes lectrices poitevines ne m’en veuillent pas : il s’agit ici du simple souvenir d’un terrible dimanche soir dans la ville et d’une expérience malheureuse au Futuroscope, cette plaie !), on trouve à Poitiers une concentration impressionnante de psychopathes, chose que je ne croyais possible que dans un département comme l’Yonne ! Il paraît même qu’une des plus atteintes de la région aurait prétendu pouvoir devenir présidente de la République : j’en ris encore !

On débute avec le journaliste Denis Richard (n°672) qui se cache pendant un bon moment derrière une grande feuille de papier qu’il coupe doucement avec un cutter. Le principe est plutôt astucieux mais quand le dispositif permet de découvrir son visage et son regard ailleurs, on a un peu le sentiment que notre homme est prêt à égorger une petite fille ! On poursuit avec l’adjoint à la culture (mon Dieu !) Jean-Marc Bordier (n°673) qui joue lui aussi avec d’immenses cisailles et fait mine de se couper le nez en grimaçant. Avouons que ce n’est pas le genre de conseiller municipal qu’on aime à croiser dans une rue sombre la nuit !

Nous avons eu mal pour le musicien Patrick Bernard (n°675) qui se déforme atrocement le visage en l’enroulant d’une multitude de tendeurs tandis que le portrait épileptique d’un autre musicien (Olivier Battle, n°677) nous a donné envie d’appeler un exorciste.

Nous pensions que les choses allaient se calmer un peu jusqu’au moment où le technicien vidéo Pascal Delaunay (n°680) se met à engloutir de grosses cuillerées de farine sèche et reste trois minutes avec cette gueule enfarinée (si j’ose dire), au risque de s’étouffer à chaque instant.

Plus classique, le journaliste Jean-Luc Terradillos (n°684) se fait entarter devant la caméra de l’impassible Gérard Courant. Et pour finir même les enseignants, que nous estimions plus sérieux, semblent frappés par la malédiction poitevine (cher Luc Moullet, je suis persuadé que la véritable « terre de la folie » se trouve là-bas) puisque Denis Fontaine (n°690) profite de ses trois minutes et quelques pour se grimer en… Groucho Marx.

 

Avant que ma tête ne soit mise à prix du côté de Poitiers, concluons en citant l’immense Jean Boullet dont la phrase n’a jamais mieux résonné qu’après le parcours insolite du jour :

 

« Je vous envie de pouvoir mépriser tant d’anatomies insolites, au nom de je ne sais quelle définition du « normal », telle que la commande une société qui brûle sur les places publiques ceux qui ne sont pas à son image (comme s’il y avait de quoi se vanter) »

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