Cinéma(ra)t(h)on : J-39
Cinématon 820-840 (1986) de Gérard Courant
Félix Guattari Cinématon n°822
L’étape du jour fut très « littéraire » puisque c’est l’écrivain Pierre Gripari (n°820) qui a ouvert le bal le temps d’un Cinématon aux allures familières puisqu’il présenta à la caméra de Courant un certain nombre de livres (de la Bible à Irish en passant par Homère, Hugo, Dickens et Chester Himes) que le spectateur peut imaginer volontiers « représentatifs » de sa personnalité. Il en résulte le portrait d’un homme souriant, un peu intimidé et doté d’une impressionnante culture.
Moins modeste, Patrick Mac Murphy (n°821) présente son propre livre à l’objectif puis des articles de Libération ayant trait au sexe. J’avoue qu’il m’a manqué quelques clés pour saisir ses desseins.
C’est ensuite au tour du très sérieux Félix Guattari (n°822) d’entrer en scène (nul besoin de rappeler que Gilles Deleuze et lui furent les Doublepatte et Patachon de l’antipsychiatrie). Il agrémente son portrait d’un certain nombre de mimiques qui traduisent aussi bien son malaise face à la caméra qu’une nature peut-être moins austère que nous aurions pu l’imaginer.
En revanche, Alain Jouffroy (n°826) [1] se présente à nous tel un roc et ne semble pas d’humeur badine. Enfin Jean-Pierre Faye (n°827) s’amuse a frotter sensuellement des statuettes africaines (il en embrasse même une) sur ses joues. Nous ne sommes pas là pour juger les mœurs singulières des philosophes.
Avant de partir pour de nouveaux festivals, nous croisâmes une nouvelle fois la magnifique Mariola San Martin (n°829) pour un portrait intime et très « posé ». Est-ce la lecture du livre consacré à Cinématon qui m’influence ou ai-je réellement vu un voile passer dans le regard de la muse de Gérard Courant à la fin de son film ?
Passons rapidement sur les quelques portraits rapportés de La Chaux-de-Fonds : les modèles suisses s’avérant presque aussi riants que les cinématons allemands. Même un artiste plasticien (Francy Schori n°833) semble totalement anesthésié par le dispositif.
En revanche, l’arrivée au Festival du film méditerranéen de Montpellier se fait sous de meilleurs auspices. Nous partagerions volontiers, par exemple, une tasse de thé avec le cinéaste libanais Jean Chamoun (n°837) tant son sourire est engageant et son rire communicatif. Quant à la gracieuse et ensorcelante cinéaste palestinienne Maï Masri (n°836), nous partagerions volontiers avec elle un lit moment de conversation autour du cinéma, de la poésie et du sens de la vie !
Je suis certain que vous avez tous fait l’expérience d’une grande surprise en découvrant après coup quelqu’un dont vous ne connaissiez que la voix (je n’imaginais absolument pas Michel Ciment comme ça lorsque je l’ai vu réellement pour la première fois !) ou les textes. Cette surprise se renouvela pendant ma course d’hier lorsque je découvris le visage de Jean-Philippe Guérand (n°839). Dans mon esprit, cet ancien critique de Première est toujours resté associé au livre qu’il écrivit sur Woody Allen chez Rivages. J’imaginais donc un respectable monsieur féru d’humour fin et de bons mots (costume gris et lunettes classiques ?). Or j’ai vu apparaître un jeune homme très rock’n’roll avec ses lunettes de soleil et sa manière d’arranger sa coiffure tendance (enfin, tendance dans les années 80).
Quand je vous disais que Cinématon réservait toujours au moins une surprise !
[1] Le hasard faisant bien les choses, je viens de recevoir le DVD de Détruisez-vous de Serge Bard, interprété et « scénarisé » principalement par cet écrivain.