Cinéma(ra)t(h)on : J-41
Cinématon 856-870 (1987) de Gérard Courant
Camille de Casabianca Cinématon n°866
L’année 1987 commença doucement par un petit séjour hollandais du côté de La Haye. Si je commence par dire que les Cinématons bataves sont presque aussi taciturnes que les suisses et les allemands, vous allez finir par me prétendre que je suis en train d’écrire, à l’instar de Pierre Desproges, un nouveau Les étrangers sont nuls. Oublions donc ces portraits figés dans le froid de janvier et concentrons nous sur deux dispositifs astucieux.
La comédienne Augusta Maria Eybers (n°858) commence à apparaître comme une créature de Bilal : crâne chauve, figure toute blanche. Petit à petit, elle se défait de son masque et laisse apparaître son « véritable » visage. Mais elle n’aura pas assez des 3 minutes 20 pour se débarrasser de tout son maquillage.
Le producteur Kees Kasander (n°856) a imaginé un dispositif sophistiqué à base de jeux de lumières et de vitres devant son visage lui permettant de faire disparaître sa tête dans l’obscurité et de laisser apparaître des titres (Drowning by numbers…) et des noms (Peter Greenaway, Jacques Demy…) en superposition. Le résultat est assez beau.
Gérard Courant ne fut pas très prolifique en ce début d’année puisqu’au bout d’une dizaine de portraits, nous sommes déjà en mai, au 40ème festival de Cannes. Entre temps, il a filmé une nouvelle sommité du monde scientifique (le professeur Henri Laborit, n°865, intrigué et un peu mal à l’aise) et la délicieuse cinéaste Camille de Casabianca (n°866). La fille d’Alain Cavalier ne cesse de passer d’un visage austère et dur à un sourire radieux qui éclaire soudainement son beau visage.
Même si j’anticipe un peu, le festival de Cannes 1987 sera moins fécond en rencontres que celui de l’année précédente. Il débute par une compatriote dijonnaise, à savoir la comédienne Catherine Wilkening (n°867) (un peu oubliée aujourd’hui mais je rêvais, adolescent, de pouvoir voir Mon bel amour, ma déchirure de Pinheiro). Comme Lou Castel, elle se cache derrière ces plantes aux bouts pointus dont j’aimerais bien que quelqu’un me donne le nom !
Enfin, c’est Edouard Waintrop (n°868) qui s’y colle et pose avec le fameux numéro hors série de Libération : Pourquoi filmez-vous ?
La question ne se pose même pas pour Gérard Courant : il filme comme il respire. Demanderiez-vous à quelqu’un « pourquoi respirez-vous ? » ?