Cinématon 901-930 (1987) de Gérard Courant

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Horst Tappert Cinématon n°911

 

Une de mes grandes fiertés d’avoir été « cinématoné » est de pouvoir dire maintenant que j’ai tourné dans un film avec Horst Tappert (n°911). C’est à Bologne, dans un jardin public, que Gérard Courant a immortalisé l’inspecteur Derrick (dois-je avouer ici que je n’ai jamais regardé un seul épisode de cette série ?). On pouvait craindre, avec un tel personnage, de se trouver face à la quintessence du Cinématon teuton mais notre homme se prête au jeu avec une certaine bonhomie souriante et l’on sent l’habitude du fin limier puisqu’il ne perd pas une miette de se qui se passe autour de lui.

 

Gérard Courant semble vouloir rattraper le temps perdu en ce début d’été 1987. Le soir du 23 juin, il va tourner en une soirée plus de Cinématons qu’en quatre mois ! Tous ces portraits ont été effectués devant le même mur ocre. Le marathonien va croiser toutes sortes de personnalités au cours de cette soirée chaude et visiblement bien arrosée : des gens de télévision comme le journaliste Philippe Dana (n°901) et la productrice Pascal Breugnot (n°906), grande précurseur de la « télé poubelle » avec la tristement célèbre émission Vive la crise (apologie sénile du libéralisme présentée par « Montand-la-joie »), les cochoncetés de mon enfance (Sexy folies) et tous ces « reality shows » (Perdu de vue, Témoin n°1…) qui paraissent presque « innocents » comparés à la bêtise, la vulgarité crasse et au cynisme mercantile de la télé d’aujourd’hui ! Il aperçoit également un jeune animateur qui finira par percer dans le domaine de l’humour : Jean-Yves Lafesse (n°907), un chanteur ringard (Richard Gotainer, n°904, totalement cuit et transpirant à grosses gouttes), un cinéaste (Pascal Aubier, n°903, pas très frais non plus) et deux comédiens. L’excellent Patrick Bouchitey (n°905) se contente de séduire la caméra avec son célèbre sourire tandis que Féodor Atkine (n°910) fait de la pub, via un carton, pour le spectacle qu’il est en train de jouer au théâtre.

Au milieu de tous ces gens du show-business, on retrouve pour la dernière fois Mariola San Martin (n°908), vêtue d’une extravagante tenue jaune. Elle parle beaucoup à Gérard Courant durant ce portrait que le cinéaste légende d’un lapidaire « ça sent la fin ». Nul ne saura jamais ce qu’ils se disaient à ce moment précis…   

 

Le début de l’été 1987 va être marqué par un voyage en Italie. A Cattolica, Gérard Courant va filmer un certain nombre de cinéastes, pas forcément très bons (c’est un doux euphémisme lorsqu’il s’agit d’évoquer Alexandre Arcady, n°916) ou très connus (le britannique Bryan Forbes, n°913, l’italien Carlo Lizzani, n°915, la suédoise Maï Zetterling[1], n°923).

Plutôt que les Cinématons « gravures de mode » du séjour (côté homme, Joaquim de Almeida[2] -n°921- posant dans une piscine ; côté femme, Patricia Millardet, n°922, somptueusement belle sur une plage italienne), c’est celui du cinéaste suisse Markus Imhof (n°919) qui retient l’attention. En effet, ce portrait en plongée (dans tous les sens du terme) débute classiquement en gros plan alors qu’il est dans une piscine. Le cinéaste se met alors à faire des longueurs et en nageant tout au fond de l’eau, il parvient à montrer entièrement son corps à l’image, ce qui constitue une performance rare dans Cinématon !

 

Après Cattolica, Rimini. Là encore, Courant croise de nombreux cinéastes. Il filme d’abord Gérard Krawczyck, n°925, (à l’époque où il avait encore un peu d’ambition) sur une balançoire qui finit par nous donner le mal de mer puis Bigas Luna (n°928), stoïque avec sa silhouette à la Welles et son cigare au bec et Gabriel Axel (n°930), venu présenter son œuvre la plus célèbre : Le festin de Babette. Qui dit Festin de Babette, dit Stéphane Audran (n°926), très élégante même s’il elle ne nous permettra pas de voir ses jolis yeux dissimulés derrière de grosses lunettes de soleil.

Pour terminer, je dois avouer humblement que je ne connais pas la cinéaste allemande Susanne Aernecke (n°929) mais que son portrait est absolument délicieux. Non seulement la jeune femme est ravissante mais elle se régale coquinement d’une énorme glace italienne qu’elle propose de partager avec le cinéaste (le veinard !).

Ce Cinématon sucré et piquant est un vrai régal !



[1] Je parlerai néanmoins très prochainement de son film Les filles sur Kinok.

[2] J’aime beaucoup ce moment où passe inopportunément derrière le modèle un baigneur mollement affalé sur un matelas pneumatique et vêtu d’un élégant slip de bain jaune !

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