Cinéma(ra)t(h)on : J-58
Cinématon 1261-1290 (1990) de Gérard Courant
Tina Sportolaro Cinématon n°1261
La fin du long épisode cannois de 1990 nous a permis d’admirer de bien jolis minois. Le festival offre rarement l’occasion aux personnalités filmées de se livrer à de nombreuses excentricités (ou alors, il faut s’appeler Benigni) mais leur permet souvent de se faire filmer sous un soleil avenant et dans une belle lumière. Alors lorsqu’en plus on a la chance d’être une jolie fille, cela ne peut que fonctionner.
C’est le cas, par exemple, de Tina Sportolaro (n°1261) dont le portrait baigne dans une lumière assez magnifique qui lui donne des airs de vedettes hollywoodiennes des années 50, quelque part entre Ava Gardner et… Betty Page.
La journaliste Amélie Rufenacht (n°1265) s’amuse derrière deux barreaux et offre à l’objectif de la caméra un sourire absolument fondant.
Plus mutine, la blondeur vénitienne de la comédienne britannique Annika Bullus (n°1267) nous a également séduit, comme le regard céruléen du mannequin espagnol Irma Sagaseta Lopez (n°1271) ou la beauté « fauve » d’Isabelle Thomas (n°1275).
Entre ces séduisantes dames, les cinéphiles auront reconnu le cinéaste soviétique (là encore, Courant notait sans doute pour la dernière fois la mention « URSS » sur ses cartons) Gleb Panfilov (n°1270), accompagné de sa muse et épouse, la comédienne Inna Churikova (n°1269) le temps d’un portrait joliment surexposé.
Mais le plus original est sans doute celui de Laurent Chollet (n°1264), futur auteur d’excellents livres sur les situationnistes et sur Mai 68, qui exhibe des slogans de ce joli mois sur différents cartons (« Le monde ne sera heureux que le jour où le dernier Capitaliste sera pendu avec les tripes du dernier Bureaucrate ») et en s’interrogeant sur les infortunes de la liberté d’expression (il se bâillonne ostensiblement). Un Cinématon à classer dans la catégorie assez rare des portraits « subversifs ».
A la fin du festival, Gérard Courant filme Alain Malraux (n°1277) qui se cache derrière la quatrième de couverture d’un livre qu’il retourne lentement afin de nous montrer qu’il s’agit de l’ouvrage qu’il a consacré à son père André. Dispositif promotionnel, certes, mais dispositif assez astucieux quand même (le timing est plutôt bon).
Ensuite, il croise le chemin du cinéaste Alain Maline (n°1278) (mais qui se souvient d’Alain Maline ?) qui a l’air de s’ennuyer comme un rat mort et offre un visage aussi joyeux qu’un préposé aux colis postaux.
Plus dynamique est le portrait du critique Gérard Lenne (n°1280) (à qui l’on doit de bons bouquins et de beaux textes dans feue La Revue du cinéma) qui commence d’abord par enlever toute une série de masque (un peu à la manière du deuxième portrait de Dominique Noguez). Puis il essaie de se prémunir contre toutes les menaces bactériennes en se mettant des gouttes dans les yeux, du spray pour la gorge et… en faisant mine de se trancher l’œil avec une lame de rasoir de bien buñuelienne manière !
Juin 1990, le cinéaste part pour Lausanne et va nous offrir une palanquée de portraits d’artistes et photographes venus de l’Est (Pologne et essentiellement Hongrie) dont on ne peut pas dire qu’ils soient fort riants. Fort heureusement, une jolie lumière et la verdure environnante contraste avec la sévérité de ces Cinématons sans fantaisie. Pour vous dire à quel point je les confonds, je n’arrive pas en voyant les photogrammes sur le site de Courant à me souvenir de celui qui sort du champ et l’obstrue avec ses mains. Et comme j’ai la flemme de remettre le DVD dans mon portable en risquant de le faire planter, je vous épargne pour cette fois un nom à base de nombreux Y, Z et I.
Ne me remerciez pas, ça n’est que partie remise…