Cinéma(ra)t(h)on : J-78
Cinématon 1621-1650 (1994) de Gérard Courant
Emmanuelle Hébraud Cinématon n°1624
Je vais être très succinct aujourd'hui car il m'a sans doute été donné de vivre la plus éprouvante des étapes de mon marathon. Je ne sais pas si vous vous souvenez (une petite piqûre de rappel ici) d'une série de films tournés en 1990 avec une interminable flopée de personnalités allemandes défilant sur fond blanc. Eh bien cette fois, c'est avec des comédiens et comédiennes russes que Gérard Courant renouvelle l'expérience. Il nous faudra donc nous fader 24 portraits d'illustres inconnus (j'avoue avoir la flemme de vérifier si certains ont « percé » mais, pour ma part, je ne les connais ni d'Eve, ni d'Adam!) que le cinéaste filme à la chaîne (un film toutes les 5 minutes, le temps de deux journées).
Le résultat est fort ennuyeux : garçons aux cheveux très courts (pour la plupart) et filles aux yeux clairs semblant s'être concertés pour en faire le moins possible !
Du coup, on peine à tirer quelques modèles de l'anonymat le plus complet dans lequel ils végètent. Tout juste pouvons nous citer Tatiana Olear (n°1631) en raison de son physique singulier qui lui confère un réel charme (elle a un air de petite souris avec ses grandes oreilles, ses dents immenses et ses yeux écarquillés) et deux bonnes comédiennes (Lika Nevolina, n°1634 et Tatiana Chestakova, n°1645) qui eurent la même idée : pleurer face à la caméra.
Les larmes dans Cinématon ne sont pas une chose courante et on se demande même, en regardant le portrait de la comédienne Nathalie Vannereau (n°1649) si elle ne va pas se laisser contaminer par ces troupes russes car on pense parfois qu'elle va aussi se mettre à pleurer !
Ce n'est pas le cas de Véronique Aubouy (n°1623), cinéaste déjà obsédée à l'époque par Proust, qui se contente de lire un extrait de Du côté de chez Swann face à la caméra de Courant. En muet, l'effet n'est pas le même !
Le temps de ce parcours difficile, nous eûmes quand même l'occasion de voir un Cinématon original grâce à Emmanuelle Hébraud (n°1624) qui pose derrière une vitre maculée de blanc. Elle nettoie petit à petit cette vitre pour laisser apparaître son visage et finit par ouvrir la porte derrière laquelle elle était cachée.
De quoi se donner un peu de force avant la « série russe » et vous faire patienter un peu avant le retour de Gérard Courant à Cannes...