Cinéma(ra)t(h)on : J-89
Cinématon 1951-1980 (1999) de Gérard Courant
Joseph Morder Cinématon n°1968
Je crois avoir fait une petite erreur précédemment. Gérard Courant a effectué plusieurs séjours en Belgique au cours des années 98 et 99 et c'est bel et bien au cours de celui qui a eu lieu en mai 1999 qu'il a tourné quelques séquences du Journal de Joseph M. De ces voyages outre-Quiévrain, le cinéaste a rapporté des films sans grande originalité et qui ne resteront assurément pas dans les mémoires du « cinémateur ». Tout juste peut-on signaler le soin que prend le photographe Piet Goethals (n°1956) à préparer son appareil pour prendre un cliché de son filmeur ou encore s'amuser du fait que Hans Martens (n°1958) ressemble énormément à Gérard Jugnot. Et le deuxième séjour ne sera pas plus palpitant...
De la même manière, notre globe-trotter se rend en Turquie à la fin du mois de mai mais ne parvient pas à réaliser un Cinématon qui sortirait de l'ordinaire. Là encore, on se contentera de citer celui de Hasan Ozgen (n°1976) parce que ce modèle décide de quitter le champ de la caméra au milieu du film. Il reviendra après un certain temps, avec un air tout essoufflé.
Les portraits les plus intéressants furent donc ceux tournés en dehors de ces voyages. Le premier, c'est celui du comédien (et écrivain) Henri Tisot (n°1963), bien connu de la génération de nos parents pour avoir été l'imitateur attitré du général De Gaulle et qui est mort l'an passé.
On signalera aussi le très beau portrait du grand comédien Yann Collette (n°1979) dont le visage singulier (qu'on a tant aimé dans J'entends plus la guitare de Garrel) se suffit à lui-même. L'homme ne fait rien sinon enlever ses lunettes de soleil mais son aura est telle qu'on est captivé par le film.
Puisque nous arrivons au moment où Gérard Courant achève Le journal de Joseph M., il semblait normal que son vieux complice Joseph Morder (n°1968) se fasse à nouveau tirer le portrait (pour la quatrième fois!). D'autant plus que son dernier Cinématon remontait à 15 ans. Toujours prompt aux facéties, Morder joue cette fois-ci la carte de l'expressionnisme le plus débridé en s'énervant contre son...téléphone portable (deuxième apparition de cet ustensile!). La manière dont il hurle en écarquillant les yeux et en remuant la tête m'a fait songer à certains passages hystériques des films d'Eisenstein. Autre clin d’œil notable : l'auteur de L'arbre mort se fait filmer devant une salle de cinéma (la cinémathèque?) qui rend hommage à son cinéaste fétiche : Douglas Sirk.
Des cinq portraits qu'il a tournés avec Courant, celui-ci est peut-être le plus réussi...