Cinéma(ra)t(h)on : J-97
Cinématon 2191-2220 (2008) de Gérard Courant
Maria Portelli Cinématon n°2207
Cela faisait très longtemps que nous n'avions pas exploré les chemins escarpés de Cinématon. Mon bâton de pèlerin à la main, j'ai repris la route et rencontré de nouveaux visages. Une fois de plus, j'ai pu constater que le film de Gérard Courant était un jeu permanent entre le caché (ce que le modèle veut dissimuler au dispositif diabolique du cinéaste) et le montré (ce désir irrésistible qu'il y a de se livrer à la caméra).
L'ingénieur Céline Berger (n°2191) passe la majeure partie de son temps à dissimuler son visage dans ses mains mais elle finit par « craquer » et le montrer à la caméra. Dans le même genre, le critique Noël Herpe (n°2193) met en abyme le dispositif du film muet (il se fait filmer avec un bâillon) mais finit, lui aussi, par se « libérer » et se montrer tel qu'il est.
La jolie comédienne Maria Portelli (n°2207) questionne la « réalité » d'un visage en cachant sa figure derrière une photo d'elle enfant. Peu à peu, elle abaisse ce cadre et se dévoile telle qu'elle était en 2008, en affichant d'ailleurs la même expression enfantine.
Ce 11 avril, Gérard Courant va filmer toute la famille : le bébé de Maria Portelli (Gabrielle Guenoun-Portelli n°2208) et le compagnon (mari?) de l'actrice, Pierre Guenoun (n°2209). Ce dernier commence de manière très classique en affichant un visage impassible sur un fond totalement solarisé (la lumière de ce portrait est étonnante). Puis il se saisit d'une sorte de petit miroir et « ouvre » l'espace du film en montrant le reflet de Gérard Courant en train de le filmer ou encore... Maria Portelli s'occupant de Gabrielle. Le résultat est assez brillant.
Si Maria Portelli doit montrer une photo pour mesurer le passage du temps, ce n'est pas nécessaire pour l'inoubliable héroïne rohmérienne Béatrice Romand (n°2215) puisque c'est la troisième fois qu'elle apparaît dans le film. 23 ans après son premier portrait, ses cheveux ont blanchi et les rides ont fait leur apparition mais le regard pétillant reste le même. La fuite du temps est saisie de manière impitoyable par Cinématon mais, paradoxalement, elle n'a rien de tragique et elle est vue de façon douce et apaisée.
La plupart des autres portraits ont été tournés chez Alain Paucard, devant les mêmes rideaux. Du coup, la série a un aspect un peu répétitif et l'on s'ennuie un peu, surtout quand défilent des « consultants » en je-ne-sais-quoi (à quoi servent, au juste, ces professions?) et leurs petites chemisettes. On notera seulement le passage de l'écrivain Gordon Zola (n°2195) qui montre son livre La dérive des incontinents, celui de la chanteuse France Pommery (n°2203) qui présente un de ses 45 tours (nous sommes projetés en pleine préhistoire!) où elle interprète... Edgar Faure ! (voilà qui fait rêver!).
Toujours chez Paucard, on tombe sur le cinéaste Léonard Keigel (n°2204) qui n'est pas vraiment connu mais qui fit quand même tourner Caroline Cellier, Maurice Ronet et Romy Schneider.
Pour conclure, nous retrouvons dans l'étape du jour la monteuse Elisabeth Moulinier (n°2206) qui tourna dans la série Couple avec Paucard et qui épelle ostensiblement chaque lettre de l'alphabet. Elle réussit donc à contourner l'obstacle du muet pour se faire comprendre...
A suivre...