Dans l'espace, personne ne vous entendra bâiller...
La planète des vampires (1965) de Mario Bava avec Barry Sullivan. (Editions Artus Films) Sortie le 6 mai 2014
Décidément, les éditions Artus ne sont jamais avares en bonnes idées et nous proposent aujourd'hui une nouvelle collection consacrée à la science-fiction « vintage ». Occasion rêvée de redécouvrir un genre dont l'âge d'or est sans doute américain mais qui fit aussi des émules au Japon ou dans le cinéma « bis » européen.
Je dois néanmoins concéder que je ne suis pas un grand fan de ce genre. Autant le fantastique, l'horreur, l'épouvante, le thriller et tout ce que vous voulez me réjouissent ; autant la science-fiction -surtout lorsqu'elle relève du « space opéra » et des voyages interstellaires- m'ennuie considérablement. Je dois sans doute être la dernière personne au monde qui n'aime pas du tout Blade runner et seul Kubrick avec son 2001, l'odyssée de l'espace est parvenu à me captiver.
J'étais donc curieux de découvrir cette Planète des vampires (l'autre titre sous lequel est connu le film, à savoir Terreur dans l'espace, me semble plus pertinent dans la mesure où le film est dépourvu du moindre épigone de Dracula) puisqu'il s'agit d'un film signé Mario Bava, cinéaste que j'apprécie beaucoup.
Las ! Confions le d'emblée : cette œuvre est sans doute l'une des pires qu'ait réalisée l'auteur du Masque du démon et de La baie sanglante.
Deux vaisseaux spatiaux passent à proximité d'une étrange planète recouverte d'une épaisse couverture nuageuse. L'un d'entre eux disparaît et s'écrase. L'autre équipage décide d'atterrir et de partir à la recherche des naufragés. Des phénomènes étranges arrivent, qui poussent les membres de l'expédition à se battre entre eux et à adopter des comportements imprévisibles...
Même si ce scénario peut faire penser à une sorte de précurseur d'Alien de Scott, il faut bien avoir en tête qu'il s'agit d'un film totalement fauché, tourné dans deux décors (l'un pour le vaisseau, l'autre pour les sorties sur la planète) et que le système D est de rigueur. Je recommande d'ailleurs l'excellent supplément du DVD où sont décortiqués les effets-spéciaux du film et les techniques utilisées par Bava (maquettes, jeux de miroir, fumigènes et même...polenta pour figurer de la lave en fusion!).
Reconnaissons que le metteur en scène fait tout son possible pour sauver son projet : les deux rochers dont il dispose baignent constamment dans une épaisse fumée et le Bava prouve une fois de plus son goût pour les éclairages rouges, verts et jaunes. De la même manière, il joue avec certains éléments géométriques (triangles, spirales...) du décor pour la composition de ses plans et créer un univers insolite et futuriste.
Une fois souligné cela, on se trouve en face d'un film souffrant d'un scénario inepte. Difficile de s'intéresser aux aventures de cet équipage « possédé » par des entités mystérieuses, d'autant plus que les acteurs sont, dans l'ensemble, assez mauvais. Coincé entre ses deux décors, Mario Bava peine à trouver un rythme et assomme le spectateur le plus bienveillant.
En raison de l'admiration que nous portons au cinéaste, nous n'accablerons pas ce film plus longtemps. Les fans purs et durs de SF fauchée y trouveront peut-être leur compte.
Pour ma part, j'ai souvent manqué de m'assoupir et j'ai été très déçu...