L’aventure est à l’Ouest (1953) de Lloyd Bacon avec Jeff Chandler (Editions Sidonis Calysta) Sortie le 24 janvier 2014


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Lloyd Bacon ne fut sans doute jamais un immense cinéaste (son nom n’a laissé que peu de traces dans les mémoires cinéphiles), il fut l’un de ces excellents artisans qui turbinèrent sans relâche pour Hollywood (sa filmographie est assez impressionnante !). Aujourd’hui, son film le plus célèbre reste incontestablement 42ème Rue mais l’on se le rappelle davantage pour les extravagantes chorégraphies du génial Busby Berkeley que pour la mise en scène de Bacon.


Notre homme a visiblement œuvré dans beaucoup de genres et c’est donc avec une certaine curiosité que nous avons découvert ce western exhumé par les décidément excellentes éditions Sidonis. Du même Bacon, les spécialistes du genre pourront nous parler de Terreur à l’Ouest dont l’affiche alléchante (Bogart et Cagney) me donne très envie de le découvrir.


L’aventure est à l’Ouest fait plus « série B » : un récit qui ne dure qu’à peine 80 minutes et une distribution sans grandes vedettes si ce n’est Jeff Chandler qui se fit connaître surtout pour son rôle d’indien dans le film de Delmer Daves La flèche brisée. Ici, il incarne un vétérinaire qui débarque dans une petite bourgade du Wyoming où un négociant en chevaux, Stephen Cook, tente de fournir l’armée en bêtes tandis qu’un général sudiste tente de mettre les Sioux de son côté pour fomenter une révolte…

Si ce western n’a sans doute ni le souffle, ni l’ampleur des chefs-d’œuvre signés Ford, Hawks ou Mann ; il se révèle tout à fait correct, solidement réalisé par Bacon. On notera même, çà et là, de très belles scènes d’action où la perfection du découpage et du cadre permet au spectateur d’apprécier à leur mesure d’impressionnantes chevauchées et des courses-poursuites assez haletantes. Comme dans tous les westerns « classiques », ce sont des petits détails à la périphérie de l’intrigue principale qui font la différence. On appréciera, par exemple, ce truculent forgeron qui ne cesse de citer la Bible et qui sert toujours de  « leurre » pour permettre au médecin et à sa future compagne de s’enfuir sans encombre.


D’autre part, Patrick Brion souligne assez justement que le film réserve une séquence assez inédite dans le cadre du genre puisque Jeff Chandler est amené à soigner son pire ennemi en… l’opérant de l’appendicite ! Et c’est cette opération chirurgicale qui lui permettra d’avoir la vie sauve.


L’aventure à l’Ouest fait également partie de ces westerns qui prennent désormais le parti des indiens. Le Sioux n’est plus l’Autre que l’on doit exterminer mais le dindon d’une farce qui se joue entre les négociants en chevaux malhonnêtes et un général sudiste d’origine indienne manipulateur. Jeff Chandler prend le parti de ces tribus indiennes mais il les met en garde contre les sudistes, adeptes de l’esclavage. Là encore, Brion a raison de souligner que le film est assez original dans sa manière de prendre parti pour l’Union contre les états du sud alors que le cinéma de l’époque est souvent très prudent lorsqu’il s’agit d’aborder ces questions-là (il fallait ménager les susceptibilités et ne pas se priver d’une partie du public !)


Les amateurs du genre ne seront donc pas déçus par cette œuvre sans prétention mais réalisée avec talent et un certain panache.

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