Monamour (2005) de Tinto Brass avec Anna Jimskaia

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Tinto Brass est en passe de devenir le cinéaste le plus « chroniqué » de ces pages (après Gérard Courant et Luc Moullet, bien entendu). Il est vrai, je le confesse (et dans « confesse », il y a… les deux, enfin, tout ce que vous pourrez voir dans un film de Tinto Brass, amis de la poésie bonsoir !), que j’ai du mal à résister aux diffusions régulières de ses œuvres que proposent les chaînes câblées, d’autant plus qu’elles ne sortent plus en salles chez nous et débarquent en catimini en  DVD.

Si l’on en croit l’IMDB, Monamour est la dernière œuvre en date du maestro, même si un entrefilet des Inrockuptibles de cette semaine nous annonce qu’il a le projet de tourner un film érotique…en 3D ! (on imagine d’ailleurs assez bien ce que le galopin va volontiers mettre…en relief !).

Martha est à peine mariée depuis six mois qu’elle s’ennuie déjà au lit (les femmes !). Sur les conseils avisés d’une amie, elle décide de succomber aux charmes d’un inconnu croisé dans un musée et de rendre jaloux son éditeur de mari afin qu’il retrouve toute sa vigueur…

La rigueur janséniste de ce récit sentimental n’est pas sans évoquer les chefs-d’œuvre qu’un Valery Giscard d’Estaing a pu donner à la littérature française et ferait passer le moindre Harlequin pour du Marivaux.

Nous savons tous qu’un scénario n’est rien et qu’une bluette sentimentale insipide peut devenir un chef-d’œuvre cinématographique si elle est portée par une grande mise en scène et un style. Or avouons derechef notre déception : le style baroque et flamboyant de l’auteur de Caligula et La clé ne brille ici qu’à de très, très rares occasions et Monamour est un film d’une platitude inversement proportionnelle aux formes généreuses de son actrice principale (la très godillante Anna Jimskaia).

De plus, Cinécinéma Club a eu la très, très mauvaise idée de présenter ce film en version française et le doublage catastrophique (style téléfilm érotique M6) de l’œuvre accentue une vulgarité qui n’a plus rien à voir avec la roborative « vulgarité » des grandes œuvres de Brass mais la fait sombrer dans quelque chose de beaucoup plus beauf. Je ne sais pas si la traduction est fidèle mais, d’entendre de très mauvais doubleurs dire (de mémoire) :

« -Pourquoi tu es toute mouillée, si ça ne te plaît pas ?

-C’est parce que j’ai bu beaucoup de vin…

-Voilà qui prépare l’arrivée du saucisson » n’incite guère le spectateur à l’indulgence. Est-ce que le texte est aussi mauvais en Italien ? Je laisse le soin aux thuriféraires du cinéaste de me l’apprendre…

Reste, malgré tout, quelques très beaux plans où le style de Brass se rappelle à notre bon souvenir et un voyeurisme forcené qui force autant le respect (à plus de 70 ans, le maestro ne perd pas l’appétit !) que l’intérêt du spectateur. L’impudeur avec laquelle il détaille sous toutes les coutures le corps (somptueux) de sa comédienne tranche avec la morne routine des navets érotiques qui encombrèrent  la case du dimanche soir de notre prime jeunesse.

Même quand il n’y a plus de film, il reste chez Brass une certaine vigueur qui ne nous font pas désespérer de ses prochains opus que l’on espère encore nombreux…

 

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