En vase clos...
Aquarium (2005) de Frédéric Grousset avec Julien Masdoua, Michel Robin, Karen Bruere (Editions Artus)
En complément du film Climax, les éditions Artus nous proposent de redécouvrir le premier long-métrage (assez court, en fait, puisqu’il dure 1h 05) de Frédéric Grousset.
Six individus (trois femmes et trois hommes) qui ne se connaissent ni d’Eve, ni d’Adam, se réveillent un beau jour dans une pièce vide et sans issue. Au mur, un simple écran de télévision et une caméra de surveillance. Après avoir pu faire un peu connaissance, les membres de ce groupe apprennent par le biais d’un haut-parleur qu’ils doivent participer sans rechigner (sous peine d’exécution) à une série d’activités imposées par cette instance invisible…
Alors que Climax lorgnait du côté du thriller nocturne, Aquarium s’inscrit volontiers dans la filiation de films fantastiques plus ou moins récents, que ça soit le très surestimé Cube de Natali ou le plus réussi Saw de James Wan. Les personnages se retrouvent comme des rats de laboratoire au cœur d’un décor minimaliste (une pièce close aux murs blancs) et s’interrogent sans cesse sur la raison de leur présence ici (prise d’otages ? expérience militaire ? téléréalité d’un nouveau type ?...)
Une fois de plus, on sent chez Grousset une volonté de faire du cinéma malgré des contraintes budgétaires qu’on imagine volontiers énormes. Aquarium est tourné avec quelques bouts de ficelles mais non sans une certaine inventivité. On y décèle d’ailleurs les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans Climax.
Côté qualité, une véritable recherche formelle qui passe par un jeu de cadrages inventifs et par une mise en scène préférant une montée progressive de l’angoisse aux gros effets horrifiques. Avec presque rien (6 personnages dans une pièce), Frédéric Grousset arrive à nous captiver le temps de séquences plutôt bien fichues (le passage où les personnages sont contraints de jouer à « Jacques a dit… »).
Côté défaut, l’ensemble fait un peu trop exercice de style et manque peut-être encore un peu de personnalité. Par rapport à Climax, on sent également une volonté un peu artificielle d’allonger la sauce pour parvenir à la barre fatidique du « long métrage » (je pense qu’il aurait été meilleur en « moyen métrage ») et l’interprétation m’a paru un peu moins convaincante (mis à part Julien Masdoua qui obtiendra également le rôle principal de Climax).
Mais là encore, il faut se réjouir de voir un jeune réalisateur oser faire un film de genre avec de vraies idées et un sens de la mise en scène capable de conjuguer l’épure et le minimalisme avec quelques audaces « graphiques ». Même si le dénouement ne convainc pas énormément, Frédéric Grousset est parvenu à instaurer pendant 45 minutes une atmosphère oppressante et à créer une véritable tension au cœur de son huis clos high-tech.
Sans doute n’est-il pas inoubliable mais le résultat est loin d’être déshonorant…