La vengeance de Lady Morgan (1965) de Massimo Pupillo avec Erika Blanc, Paul Muller (Editions Artus Films) Sortie le 1er avril 2014

 vlcsnap-2014-04-30-13h16m43s125.png

 

Les éditions Artus auront beaucoup fait pour la découverte et la réhabilitation du cinéaste Massimo Pupillo puisque ont été édités en DVD Le cimetière des morts-vivants et l'étonnant (même s'il est un peu raté) Vierges pour le bourreau. On aimerait désormais découvrir le mythique film avec Jayne Mansfield et Franco et Ciccio (L'amour primitif) dont il est scénariste ou son « hygiene picture » Le sexe, cet inconnu qu'il tourna en 1969.

La vengeance de Lady Morgan est sans doute l'un de ses films les plus rares dans la mesure où il a été distribué en catimini en Italie et qu'il n'est jamais sorti sur nos écrans français. Pour les amateurs du genre, il s'agit donc d'un véritable événement même si, pour ma part, je trouve le film un peu décevant. Il s'inscrit totalement dans la lignée de ces films d'épouvante gothique dont nos voisins transalpins furent friands (avec ces petites merveilles que furent Le masque du démon ou Danse macabre).

 

Le film se divise en deux parties. Dans la première, Lady Morgan renonce à son amour (mort dans des conditions mystérieuses) pour épouser un homme de sa condition. Avec l'aide de sa nouvelle gouvernante (incarnée par Erika Blanc), Harald va tenter de faire croire à sa femme qu'elle est folle.

Pupillo nous propose ici un film où l'élément fantastique n'est que le fruit d'un complot ourdi contre une jeune femme fragile. Il renoue d'ailleurs avec les machinations infernales qui constituaient le cœur du Cimetière des morts-vivants.

La deuxième partie débute lorsque meurt Lady Morgan (il ne s'agit pas d'une grande révélation puisque le titre le suggère!) et qu'elle revient sous forme de fantôme pour se venger de ses bourreaux.

 

La vengeance de Lady Morgan n'est pas un film sans qualité. Malgré un budget réduit et quelques fautes de raccords (entre le jour et la nuit, par exemple), l'ensemble est plutôt soigné et filmé avec talent. Ce qui séduit le plus, comme dans tous les films de ce genre, c'est l'atmosphère que le cinéaste parvient à créer. On aura droit aux geôles sordides cachées au fond d'un donjon mystérieux, à la sortie nocturne (en chemise de nuit blanche) de la jeune première dans un cimetière brumeux, aux portes qui claquent toute seule, à l'orage qui déchire la nuit, aux objets qui tombent sans aucune raison... Lorsqu'il se laisse porter par cette atmosphère et ses décors gothiques, Massimo Pupillo parvient à réaliser quelques belle séquences.

A côté de ça, je suis quand même moins enthousiaste qu'Alain Petit qui parle très bien du film en supplément du DVD. D'une part, parce que l'histoire d'amour qui se veut très romantique (un romantisme noir et macabre où les plus beaux sentiments transcendent la mort) est un peu ratée (à cause de la fadeur des deux jeunes premiers?). D'autre part, parce que le scénario est beaucoup trop abracadabrant pour convaincre vraiment. Autant la première partie est assez tenue et intrigante, autant la deuxième vire un peu au n'importe quoi. La vengeance terminée, le film bifurque soudainement vers une toute autre voie et voilà que nos « méchants » se transforment en espèce de vampires. Tout se passe comme si Massimo Pupillo tirait un peu à la ligne pour avoir suffisamment de métrage.

 

Le résultat n'est pas déshonorant mais ne parvient pas à égaler les grandes réussites du genre. Même si le couple Erika Blanc et Paul Muller (vu souvent chez Jess Franco) est plutôt convaincant, il manque quand même une Barbara Steele pour donner au film une dimension en plus. On l'aurait voulu plus fou, plus hypnotique, plus angoissant et on se retrouve face à un produit de série bien fait mais sans réelle surprise...

Retour à l'accueil