Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres puisque ce blog fête ses 10 ans. Dix longues années à tenter d’écrire sur tous les films vus, à partager mes enthousiasmes et mes déceptions, mes coups de cœur et mes dégoûts viscéraux. En écrivant ma première note sur Combat sans code d’honneur de Fukasaku, je soulignais mon intention de ne pas proposer en ces pages une énième exégèse d’un film d’Hitchcock et mon désir de traiter du cinéma sous toutes ses coutures.


marilyn-monroe-birthday-cake-copie-1

S’il y a bien une chose que l’on ne pourra pas me reprocher (la seule ?), c’est de n’avoir jamais dévié de cette ligne et d’avoir toujours fait preuve d’éclectisme. En 10 ans, je ne crois pas avoir négligé un seul pan de l’histoire du cinéma, ayant abordé aussi bien la période muette que les sorties les plus récentes, les classiques hollywoodiens comme le cinéma d’auteur asiatique, le blockbuster dopé aux effets spéciaux et aux millions de dollars comme le plus fauché des films d’auteur. Je ne pense avoir oublié aucun genre dans mes chroniques où l’on pourra retrouver des films d’horreur, fantastiques, de SF, des westerns, des drames intimistes, des épopées, des films de guerre, des mélodrames, des comédies musicales, des films érotiques et pornographiques, des nanars de séries Z comme des chefs-d’œuvre indéboulonnables du 7ème art, d’improbables comédies franchouillardes comme de rigolards films de kung-fu, du cinéma expérimental et du cinéma d’action bodybuildé, etc. Pour ceux qui aiment chipoter, je dirais qu’il manque à mon palmarès une comédie érotique bavaroise et un film de catcheurs mexicains ! J’espère que l’on me pardonnera cette négligence totalement indépendante de ma volonté.

les-nuits-de-la-pleine-lune_50436_48668.jpg

***

Lorsqu’on débute un blog, on s’imagine volontiers que le succès va être immédiatement au rendez-vous, que les commentaires vont pulluler et qu’un dialogue va rapidement s’installer avec les lecteurs. Après quelques notes (sur L’ami de mon amie de Rohmer, l’horrible Fahrenheit 9/11 de Michael Moore…), je dus vite déchanter : mon blog ne suscitait aucune réaction. Je crois que le premier commentaire est venu après une critique de Spy game de Tony Scott (19/07/2004) et que mon « audience » commença à prendre un tout petit peu d’ampleur lorsque mon frère Boulet eut la gentillesse de me mettre dans les liens du blog qu’il venait de créer à son tour.

Très vite, j’ai compris que l’intérêt des blogs était l’interaction. Pour espérer des réactions chez moi, il fallait aller commenter chez les autres. Je suis donc parti en quête « d’âmes sœurs ». Paradoxalement, mes premiers contacts réguliers n’étaient pas forcément des cinéphiles acharnés même s’ils s’intéressaient au septième art. Ils s’appelaient « Heure bleue » (qui tenait également un blog de cinéma sous le nom de « La rose pourpre du Caire »), « Féerisette », « Casaploum » ou « PacsdeCro ». Il y en avait d’autres que j’enrage d’avoir oubliés, notamment cette aimable lectrice qui me confectionna une bannière (un collage où trônait Anna Karina dans Pierrot le fou) pour la première mouture de ce blog.

C’était le temps où les ados se ruaient sur les skyblogs pour publier leurs photos de soirée et où les dessinateurs trouvaient dans ce support un nouvel espace de liberté. Et puis il y avait aussi les blogs cinéphiles avec qui on rêvait d’entrer en contact. Notamment le terrible Charles de Zohiloff qui insultait à peu près toute la profession et vouait aux gémonies 90% des nouveautés sorties sur les écrans. Il y avait également les critiques « pros » qui se risquaient alors à entrer dans l’arène et à confronter leurs jugements aux internautes. C’était le temps des blogs « kaywa » de Jean-Sébastien Chauvin, de Sébastien Bénedict ou le fameux Contrechamp de Sandrine Marques qui deviendra critique au Monde.

Pour ma part, c’est petit à petit que je vais faire la connaissance de cinéphiles passionnés sur la toile. Ma mémoire peut me jouer des tours mais si ce n’est pas le premier, le Dr Devo et son Matière focale est assurément celui qui m’a le plus marqué. J’y trouvais alors ce que je recherchais dans la « critique » sur Internet : un ton humoristique et décalé, une curiosité insatiable pour des films pas forcément très connus, une volonté de privilégier l’analyse de la « mise en scène » plutôt qu’une approche « littéraire » (analyse des thèmes, de la dramaturgie…). Avec les rédacteurs de ce blog, nous avons eu quelques divergences mais ils sont restés pendant très longtemps des compagnons de route incontournables (jusqu’au moment où le rédacteur en chef a plus ou moins abandonné les critiques).

Difficile de faire ensuite un « historique » des rencontres avec ceux qui sont restés des fidèles et avec qui j’échange toujours aujourd’hui. Fin 2005, je lance une sorte de grand référendum sur les films les plus « érotiques » de l’histoire du cinéma. Parmi les contributeurs, on retrouve déjà, par exemple, « le coin du cinéphage » et Vincent du blog Inisfree. Puis en fouillant dans les commentaires de mon blog fraichement déplacé vers la plateforme « over-blog », on peut retrouver petit à petit les noms de ceux avec qui je ne vais cesser de dialoguer : Vierasouto/Camille et Ludo de « Série bis » (un des blogs que je regrette le plus) en 2006, Jocelyn/Mariaque, Ludovic Maubreuil, Joachim Lepastier et Edouard en 2007, etc. 

Les années 2007/2008 constituèrent, de mon point de vue, une sorte « d’âge d’or » des blogs, chaque note attirant un certain nombre de commentaires et donnant l’impression d’un bouillonnement permanent. C’est d’ailleurs à cette époque que j’intègre la rédaction du site Kinok et que mon blog va se trouver trois mois de suite deuxième au classement « cinéma » de « Wikioblog ».

Puis c’est une sorte de long déclin qui s’amorce. Les réseaux sociaux prennent l’importance que l’on sait et je rejoins, pour ma part, Twitter en octobre 2009 et Facebook en mai 2011. C’est désormais ici que se sont déplacés les débats cinéphiles même si le support du blog ne me paraît pas pour autant obsolète, permettant de développer de manière plus construite les avis sur les films.

bande-a-part.jpg

***

Plutôt que de poursuivre longuement cette note que je pourrais émailler de multiples souvenirs et anecdotes, j’ai proposé à ceux qui me lisent et me connaissent (depuis longtemps ou pas) de participer à une espèce de grand livre d’or où chaque contribution me permettrait de revenir sur un pan précis de l’histoire de ce blog. La forme est entièrement libre (textes, dessins, photos, vidéos, que sais-je encore…) et le fond également.

Si, pour l’instant, je me suis limité aux personnes avec qui je suis en contact (par mail ou sur Facebook), je renouvelle aujourd’hui cette invitation à participer à ce « livre d’or ». Si vous avez été marqués, agacés, amusés, révoltés par une de mes notes, si vous adorez ou abhorrez ce blog, si vous avez des anecdotes, des histoires, des réflexions à faire sur l’histoire et l’évolution des blogs ; n’hésitez pas à le dire et à m’envoyer (takeshivinz [arobase] hotmail [point] com) vos contributions. Que vous soyez « cinéphile » ou non, qu’elles se limitent à quelques lignes ou qu’elles fassent 30 pages, ne soyez pas timide. Toute participation me fera extrêmement plaisir !

Elles me permettront de revenir, jour après jour, sur l’histoire d’une aventure débutée il y dix ans et que je ne pensais pas poursuivre aussi longtemps.


A vous de jouer ! 

 

10-ans.jpg

Retour à l'accueil