L'amour à Venise
La Vénitienne (1986) de Mauro Bolognini avec Laura Antonelli
Suite à la réédition récente de certains de ses films en DVD, il semble qu’une réévaluation de l’œuvre de Bolognini soit en cours (l’ami Vincent en a parlé ici). Pour ma part, je n’ai vu presque aucun film de ce cinéaste et je me garderais donc bien de juger l’ensemble de sa filmographie à l’aune de cette morne Vénitienne, ennuyeuse comme un dimanche d’automne gris et pluvieux.
Sur le papier, il s’agit d’une adaptation d’un conte coquin où l’arrivée d’un bel étranger à Venise met en émoi les dames du coin. Dès qu’elles l’aperçoivent, une riche veuve (Laura Antonelli) et sa voisine, une femme mariée légère, chavirent totalement et s’arrangent pour passer la nuit avec lui…
Sur l’écran, de jolies images bien léchées, accompagnées par la musique précieuse du fidèle Morricone, tentent de pallier l’abyssale vacuité du projet. Les critiques ont longtemps reproché à Bolognini de pratiquer un cinéaste purement décoratif. J’avoue que ce n’est pas moi qui vais les contredire tant cette Vénitienne s’avère chichiteuse et soporifique.
Le film ne présente que deux intérêts.
Primo : l’éternelle Venise, ses canaux et ses gondoles, dont le cinéaste rapporte quelques cartes postales pas désagréables à regarder (ce n’est pas Visconti quand même !)
Deusio, évidemment : la sublimissime Laura Antonelli. En veuve éprise, elle est tout simplement magnifique. Ses rondeurs divines et sa sensualité débordante nous poussent à dire que l’Italie serait vraiment le plus beau pays du monde si on arrivait à en chasser les italiens (eh, pourquoi croyez-vous que Fellini ait rêvé à une Cité des femmes ?) ! L’inoubliable interprète des comédies grivoises de Griffi et Campanile et de films plus « sérieux » comme L’innocent de Visconti est sans doute la seule raison pour laquelle on résiste jusqu’au bout à ces enlacements mous devant des feux de cheminée, à cet érotisme chloroformé (rendez-nous Tinto Brass !), à ces minauderies sentimentales sans le moindre intérêt…