La nuit des maléfices (1971) de Piers Haggard avec Linda Hayden, Patrick Wymark (Editions Artus Films) Sortie le 4 juin 2013

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Parallèlement aux grands succès de la Hammer, un tas de petits studios vont éclore et surfer sur cette vague de renouveau du fantastique à l'anglaise. La nuit des maléfices appartient de toute évidence à ce courant et nous plonge dans l'Angleterre du XVIIIème siècle. Un jeune homme déterre dans un champ un crâne mystérieux à moitié décomposé. A partir de ce moment, des phénomènes irrationnels surgissent, en particulier auprès des jeunes gens qui deviennent comme possédés...

 

Dans le supplément du DVD, l'incontournable Alain Petit replace le film de Piers Haggard (cinéaste qui tourna majoritairement pour la télévision mais à qui on doit le quatrième épisode de la série Quatermass, unComplot diabolique du docteur Fu Manchu avec Peter Sellers et un thriller avec Klaus Kinski : Venin) dans la tradition du film de sorcellerie. Sans entrer dans les détails, La nuit maléfique ne s'inscrit pas dans la catégorie des films visant à représenter les exactions de l'Inquisition mais dans celle qui met en scène de véritables sorcières, à l'instar des Diables de Ken Russell ou du Grand inquisiteur de Michael Reeves.

 

Ces données posées, le film est un peu décevant quant à son scénario (assez mal construit et abracadabrant) et au rythme qu'il ne parvient pas vraiment à imprimer. Mais si on accepte ces défauts, La nuit des maléfices se révèle suffisamment tordu pour intriguer. En effet, si les personnages n'ont pas beaucoup de consistance, Piers Haggard parvient néanmoins à instaurer un climat assez malsain le temps de quelques séquences très fortes. Je pense à ce moment où la diabolique Angel (Linda Hayden) tente de séduire le vicaire du bourg en se déshabillant devant lui. Ou encore à cette espèce de « viol » collectif où une jeune fille est sacrifiée au diable le temps d'une cérémonie hallucinante où elle est déshabillée, fouettée avec des branches, violée et reluquée par des visages ricanant et grimaçant comme dans une eau-forte de Goya.

 

Sans être véritablement « gore », le film contient quelques scènes assez éprouvantes, que ce soit l'opération menée par un chirurgien pour enlever la « peau du diable » de la cuisse d'une jeune femme ou encore ce moment où la même demoiselle se retrouve la jambe coincée dans un piège de chasseur.

 

Ce qui fonctionne le mieux, c'est également cette manière qu'a le cinéaste de faire surgir les éléments fantastiques dans un environnement bucolique, une sorte de précurseur de L'exorciste dans un univers à la Petite maison dans la prairie. Ce mélange rend le film curieux (penser à revoir Le cri du sorcier de Skolimowski -note pour moi-même-) et rappelle (ou annonce) des films fantastico-horrifiques comme Le village des damnés (Rilla) ou La malédiction (Donner).

 

Peut-on parler d'une atmosphère typiquement « british » ? Toujours est-il que dans le cas de La nuit des maléfices, on retrouve à la fois un climat étrangement corseté (les costumes, les cours de catéchisme austères du vicaire...) et un sens de l'excès qui détonne d'une façon assez percutante (ces jeunes filles diaphanes qui se transforment soudainement en impitoyables sorcières).

 

Une fois de plus, Artus nous propose une curiosité imparfaite mais qui mérite assurément un petit coup d’œil...

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