Le monde du silence
Tempête sous la mer (1953) de Daniel R.Webb avec Robert Wagner, Gilbert Roland (Éditions Artus Films)
La rentrée cinématographique risquant d'être particulièrement chargée (j'ai déjà reçu trois coffrets à chroniquer), j'anticipe un peu en vous parlant aujourd'hui d'un film qui ne sortira que le 4 septembre chez nos amis d'Artus.
Je ne suis pas certain que Tempête sous la mer ait laissé de grandes traces dans la mémoire des cinéphiles. Pourtant, il s'agit là du troisième film tourné en Cinémascope (après La tunique de Koster et Comment j'ai épousé un millionnaire de Negulesco) et il obtint un très joli succès en salles à sa sortie.
On pourrait d'ailleurs s'amuser à décliner tous les postes de ce film sur le même mode :
-le réalisateur Robert D. Webb est (du moins, pour moi) un parfait inconnu mais il a pourtant réalisé quelques westerns intéressants et on lui doit Le cavalier du crépuscule où Elvis Presley tient son premier grand rôle et interprète Love me tender.
-La distribution ne comporte pas de grandes stars mais on peut néanmoins signaler la présence du tout jeune Robert Wagner (qui a débuté sur les écrans trois ans auparavant) et du très gouailleur Gilbert Roland qui imposa sa trogne typée dans de nombreux films, notamment des westerns spaghettis de Castellari ou le Chacun pour soi de Capitani.
-Enfin, il faut souligner que même s'il n'avait pas encore débuté sa collaboration avec Hitchcock, c'est Bernard Herrmann qui a composé la musique du film (excusez du peu!).
La réunion de toutes ces personnes produit un résultat sans surprise mais très plaisant. On renâcle un peu au départ à se passionner pour les aventures de ces pêcheurs d'éponges divisés en deux camps : les « insulaires » (anglais) et les grecs mais on finit par se laisser prendre au jeu. Tout est assez convenu (les rebondissements qui ménagent quelques bagarres, une mort tragique et des aventures sous-marines) mais solidement charpenté. C'est du bon cinéma de divertissement, qui ne s'embarrasse pas de fioritures psychologiques (la jeune héroïne du film passe des bras de son fiancé à celui de son rival avec un aplomb déconcertant) mais qui sait maintenir une tension constante pour pouvoir captiver.
Le clou du spectacle, ce sont bien évidemment ces séquences sous-marines tournées en Scope et qui plongent (c'est le cas de le dire!) le spectateur dans un univers totalement dépaysant, entre coraux multicolores et poissons exotiques. Et même si l'attaque finale de la pieuvre nous semble aujourd'hui assez kitsch, ce spectacle reste assez enchanteur. Tout juste peut-on regretter la qualité parfois médiocre de la copie proposée aujourd'hui en DVD (les couleurs sont un peu passées et, curieusement, il y a quelques passages doublés en français dans la version originale).
Bref, Tempête sous la mer est un exemple assez typique de ce cinéma d'aventures du samedi soir qui paraît de nos jours assez désuet mais dont l'absence de prétention réjouit quand même.