Puppet Master II (1991) de David Allen et Puppet Master III (1991) de David DeCoteau (Editions Artus Films) Sortie en DVD le 18 août 2013

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Revenir à nos marionnettes va nous permettre de plonger délicieusement quelques instants dans les eaux accueillantes du cinéma « bis » américain des années 80/90.

En 1989, Puppet Master de David Schmoeller est un gros succès commercial. Il s'agit également du premier film produit sous la bannière « Full Moon » de celui qui allait devenir un vieux briscard de la série Z : Charles Band.

Du coup, la série des Puppet Master allait connaître une succession considérable de suites (11 épisodes en tout!) et c'est les numéros deux et trois que nous proposent de découvrir aujourd'hui nos amis d'Artus.

 

Je l'avais déjà souligné à propos du premier épisode : si la saga a été tournée pour être distribuée immédiatement en vidéo, elle conserve – du moins à ses débuts- une volonté de faire du cinéma et non pas du téléfilm horrifique au rabais. C'est ce qui frappe dans ces deux suites : un soin indéniable attribué à la direction artistique (cadre, lumière, effets-spéciaux...). Là où les films pêchent davantage, c'est du côté de l'interprétation (les acteurs de l'opus 2 sont assez abominables) et de scénarios de plus en plus improbables.

 

Dans Puppet Master II, un groupe de jeune gens à la solde de l’État et spécialisé dans le paranormal revient sur les lieux du drame à Bodega Bay et se trouve confronté à un André Toulon maléfique, revenu des morts grâce à ses marionnettes. Puppet Master III est ce qu'on appelle dans le jargon actuel un prequel : l'action se situe en 1941, aux origines du mystère, lorsque André Toulon découvre le secret des égyptiens et se révèle capable de donner vie à des marionnettes. Il redevient un « héros » en butte aux exactions nazis.

 

Puppet Master II a été réalisé par David (Dave) Allen, l'homme ayant créé les effets-spéciaux du film originel. Héritier de Ray Harryhausen et de sa technique du stop-motion (promis, j'arrête ensuite avec les anglicismes sinon vous allez vous croire dans les Inrockuptibles!), Allen n'a pas seulement œuvré dans le cinéma bis : c'est à lui qu'on doit, par exemple, les effets-spéciaux de Ghostbusters 2 et il obtint même un Oscar pour son travail sur Le secret de la pyramide de Barry Levinson. En passant à la réalisation, il devient lui-même le propre maître des marionnettes qu'il a créées. Si le film est parfois bancal d'un point de vue scénaristique (c'est peu dire!), il séduit par le soin accordé à l'animation des petites créatures féroces et par les nombreuses références cinéphiles qu'il convoque. En effet, André Toulon revient des morts affublé d'un visage entièrement couvert de bandelettes comme dans L'homme invisible de James Whale et il se fait appeler Chaney (comme Lon). De la même manière, dans une scène à la fois très cruelle et d'un humour très noir car totalement gratuite, un petit garçon qui joue les Indiana Jones avec son fouet se fait tuer par Torch, une marionnette qui ressemble étrangement à ...Darth Vador !

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Alors qu'il avait produit le numéro deux, David DeCoteau passe à la réalisation pour le troisième épisode de la saga. Aucun amateur de cinéma bis ne peut ignorer le nom de David DeCoteau, prolifique réalisateur de films fantastico-horrifiques plus ou moins fauchés (je rêve de voir ses fameux Creepozoïds et Dr Alien!). On pouvait parfois voir ses films en deuxième partie de soirée sur M6 ou RTL 9 et c'est ainsi que j'ai pu découvrir La communauté. Ce film qui, sauf erreur, s'intitule en anglais The Brotherhood marque le début d'une grande saga où DeCoteau teinte le film d'horreur d'une forte couleur homosexuelle (comme le dit Francis Barbier, il filmera de jeunes éphèbes en boxer se faire trucider!). Il revient ici sur les origines du mythe André Toulon et tente de donner une certaine épaisseur au personnage et à ses marionnettes. Il y a même une scène touchante où le marionnettiste perd sa femme, exécutée froidement par les nazis. On sent chez DeCoteau une volonté de lorgner vers un romantisme bizarre et morbide lorsque les expériences menées sur les petites figurines sont présentées comme une manière de ramener les personnes aimées à la vie.

Là encore, le film souffre de quelques incohérences et de certaines facilités (des stock-shots déjà vus dans le numéro deux, comme ce plan « carte postal » d'un chameau devant les pyramides) mais l'ensemble n'est pas désagréable.

 

Pour conclure, je dirais que sans être des chefs-d’œuvre, les trois premiers tomes de la grande saga Puppet Master tiennent plutôt bien la route et que ce ne sont pas (ce que je craignais un peu), des ersatz fauchés de films d'horreur à succès comme Dolls de Gordon ou la série des Chucky...

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