Le tueur du Montana
Le tueur du Montana (Gunsmoke) (1953) de Nathan Juran avec Audie Murphy, Susan Cabot (Editions Sidonis). Sortie le 24 juillet 2013
Nathan Juran est un cinéaste plus que sympathique à qui nous devons de jolies émotions enfantines. En effet, c’est lui qui réalisa Le septième voyage de Sinbad dont personne n’a pu oublier les effets-spéciaux confectionnés par l’immense Ray Harryhausen. Du coup, Juran s’est taillé une petite réputation auprès des amateurs de fantastique et de séries B. On lui doit, par exemple, La légende de l’épée magique ou encore Jack le tueur de géants. Mais parmi toutes ces œuvres, L’attaque de la femme de 50 pieds est sans doute celui que je rêve le plus de découvrir un jour.
Parallèlement à cette carrière menée au service du merveilleux et des aventures mythologiques, Nathan Juran a confectionné un certain nombre de westerns. L’un d’eux, Gunsmoke (devenu Le tueur du Montana en français), est désormais visible grâce aux bons soins des éditions Sidonis qui persiste à exhumer courageusement des pépites du western de série B.
Rappelons une fois de plus que le terme « série B » n’a rien de péjoratif ici mais qu’il désigne une manière de faire du bon cinéma avec une rare économie de moyens (à relativiser tout de même puisqu’il s’agit ici d’une production Universal). Ce qui frappe d’emblée dans Le tueur du Montana, c’est cette manière qu’a le cinéaste d’entrer immédiatement dans l’action.
Il n’y a pour ainsi dire pas de séquences d’exposition qui permettraient de présenter les personnages : nous sommes immédiatement dans le feu de l’action pour faire connaissance avec Reb Kittredge (Audie Murphy), tueur à gages engagé par Matt Telford, riche propriétaire qui tente par tous les moyens d’extorquer un ranch à Dan Saxon. En quelques scènes sèches comme un coup de trique et par la grâce de bons dialogues, les enjeux du film sont clairs et le spectateur saisit ce qui pousse Reb à se ranger du côté de Dan.
Si le récit n’est pas d’une folle originalité et permet au cinéaste de jouer agréablement avec tout le folklore du western (le saloon pittoresque avec ses jolies chanteuses et danseuses, les duels, les chevauchées dans de majestueux paysages…), la réussite de ce Tueur du Montana tient sans doute à la mise en scène impeccable de Nathan Juran. A peine 80 minutes de métrage, un découpage classique parfait, aucune « mauvaise graisse » : le cinéaste nous tient en haleine de la première à la dernière image !
De plus, il saupoudre l’action d’un humour délicieux où les réparties fusent avec un certain brio. Les chamailleries entre Reb et Rita (Susan Cabot, qui après son contrat avec la Universal finira chez Roger Corman), la fille de Dan, sont assez irrésistibles et certaines répliques frisent l’absurde (ce barman qui demande à Reb qui lui réclame un whisky si « c’est pour lancer à la figure ou pour boire » ! Et Reb de lui répondre « Je comptais allumer un feu avec »).
Si les comédiens ne sont pas forcément très célèbres sauf pour les spécialistes du genre (Audie Murphy tournera d’autres westerns avec Nathan Juran – La rivière sanglante- mais également sous la direction de Boetticher, Jack Arnold et de Don Siegel), la distribution est impeccable et chacun tient son rang avec beaucoup de panache.
Sans prétention mais non sans talent (encore une fois, la mise en scène de Juran témoigne à la fois de son sens du rythme mais également d’une jolie manière d’appréhender les grands espaces du western), Le tueur du Montana s’avère être une parfaite réussite qui mérite assurément d’être découverte.