Les amants d’outre-tombe (1965) de Mario Caiano avec Barbara Steele, Paul Muller. (Editions Artus Films) Sortie le 1er juillet 2014

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La collection « les chefs-d’œuvre du gothique » des excellentes éditions Artus commence à s’étoffer et disons-le d’emblée : Les amants d’outre-tombe fait partie des meilleurs titres de la série. Il n’atteint peut-être pas tout à fait le niveau des excellents Danse macabre de Margheriti ou du fameux Masque du démon de Bava mais il reste un film de très bonne tenue.

Premier atout : la présence de l’immense Barbara Steele dans un double rôle. Elle est d’abord Muriel, la femme d’un savant pratiquant de mystérieuses expériences dans son laboratoire (l’excellent Paul Muller, déjà vu dans Le fantôme de Lady Morgan). Délaissée par son mari, elle se réfugie dans les bras de son amant mais elle est surprise en flagrant délit par le professeur. Très vexé, il les torture et les tue.

Là encore, et nous considérerons qu’il s’agit de son second atout, le film se distingue par sa violence et par sa cruauté. Les passages où Muller châtie les deux amants renvoient à tout un imaginaire sadien qu’on n’avait rarement vu de cette manière à l’écran à cette époque : corps enchaînés, fouettés et marqués au fer rouge dans une crypte lugubre, coups de poing divers, électrocution…

Après ce départ en fanfare, le film redémarre avec l’arrivée de la demi-sœur de Muriel, Jenny (à savoir, Barbara Steele en blonde !). Elle a épousé à son tour le professeur qui convoite un héritage qui lui avait échappé. Des phénomènes mystérieux vont débuter puisque la défunte Muriel semble vouloir accomplir sa vengeance en possédant l’âme de sa sœur…

Reconnaissons-le, Les amants d’outre-tombe souffre d’un petit « ventre mou » lorsque se met en place la deuxième partie du récit. La mise en scène de Caiano, au demeurant très soignée, manque peut-être un peu de tonus pour vraiment maintenir l’attention de manière constante. Mais à cette réserve près, l’amateur du genre sera comblé. Le cinéaste, qui n’est pourtant pas un habitué du fantastique (sa réputation s’est faite autour de quelques péplums – Ulysse contre Hercule, Maciste, gladiateur de Sparte- quelques westerns et il a même réalisé un film de « nazisploitation ») convoque avec brio tous les détails attendus : décors somptueux d’un vaste château recelant de nombreux couloirs sombres et une inquiétante crypte, portes qui grincent et claquent lorsque se lève un grand coup de vent, orages, tombes vides…

L’atmosphère « gothique » est parfaitement rendue, d’autant plus que l’éditeur nous propose ici une très belle copie du film qui rend justice à son noir et blanc très contrasté. Sans révéler les ficelles du dénouement, il convient quand même de souligner que le film bascule à nouveau dans l’horreur du début et qu’il fait preuve d’une violence assez inédite (pour l’époque, je le répète : ça reste très relatif) : personnage à moitié défiguré, sang qui coule abondamment…

Si on aurait aimé que le cinéaste développe certains aspects sous-tendu par son scénario, notamment la dimension « romantique noire » de ces amants qui viennent se venger depuis la mort ou encore la relation étrange qui noue le professeur à sa servante Solange qui a retrouvé sa jeunesse après la mort de Muriel. Le savant à un côté « horrible docteur Orlof » que Caiano aurait pu, à mon sens, plus accentuer.

Mais ceci est une autre histoire : Les amants d’outre-tombe est un film gothique suffisamment morbide et noir pour séduire l’amateur du genre qui ne restera pas, de toute manière, insensible au charme incandescent de l’icône absolue de ce cinéma : la géniale Barbara Steele !

 

En bonus : Une riche présentation du film par l’incontournable Alain Petit qui répond cette fois à des questions et donne ainsi un peu moins l’impression de ronronner (disons que l’échange est plus vivant que dans certains suppléments où le grand critique se contente d’énumérer des filmographies). A cela il faut ajouter un entretien avec le cinéaste Mario Caiano qui revient sur l’aventure des Amants d’outre-tombe

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