Mama lova (2009) de Thomas Szczepanski avec Elsa Galles, Jean-Claude Dreyfus (Editions Artus Films)

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Pour être tout à fait franc, je dois avouer que la collection « Nouveaux talents français » est celle qui m’intéresse le moins au sein de l’excellent catalogue des éditions Artus. Climax, premier titre dudit catalogue, n’était pas inintéressant mais restait un simple exercice de style un peu appliqué. Mama lova ne relève pas vraiment le niveau même si l’on se sent un peu penaud d’avoir du mal à dire d’un film vraisemblablement très sincère (ce long chemin d’un ado attardé en quête de ses racines est dédié au père du réalisateur) et tourné avec les moyens du bord (qu’on imagine peu élevés).  

Contrairement à la majeure partie des films édités chez Artus, Mama lova n’est pas un film fantastique ou horrifique. Il s’agit davantage d’un road movie  à la française mettant en scène un jeune homme qui pour fêter ses 20 ans (il en fait bien 5 ou 6 de plus !) part sur les routes de France pour voir mère et père.

Thomas Szczepanski s’inscrit donc dans la tradition du cinéma d’auteur français minimaliste, reposant sur les silences et les non-dits. On pense également au cinéaste suisse Michel Soutter (malheureusement bien oublié aujourd’hui) à qui il a dédié son court-métrage Intime.

Sauf que filmer l’errance de personnages et tenter de saisir leurs états d’âme de manière impressionniste nécessite un véritable travail de mise en scène englobant la respiration des plans (qu’un film soit « lent » ne doit pas l’empêcher de posséder son propre « rythme »), le jeu des acteurs et un certain sens de l’observation.

Je ne dis pas que Thomas Szczepanski ne pense pas en terme de mise en scène. Il fait même preuve d’une certaine bonne volonté pour « faire cinéma », comme dans cette scène où les deux personnages principaux du film (Lucas a croisé en route une jeune femme à bord d’une 2CV) arrivent chez le père de Lili. Une jolie plongée sur la voiture qui arrive avec la main de Jean-Claude Dreyfus en amorce suivie d’une série de raccords sur des regards (en plongée et contre-plongée) prouvent que le cinéaste cherche à varier ses angles, à faire autre chose que du téléfilm en champ/contrechamp.

Sauf que ces « trucs » de cinéma sont plaqués sur du vide. J’ai rarement vu un film aussi exsangue, aussi anémique que Mama lova. Les personnages sont des coquilles vides et on peine à s’intéresser à ce jeune homme antipathique à souhait. Il n’y a pas la moindre petite tension dans le film, ni même ces infimes détails qui parviendraient à faire vibrer les plans, à les colorer un peu, à leur donner du relief pour extirper le film de sa platitude.

Encore une fois, je n’insiste pas dans la mesure où je n’ai pas envie de m’acharner sur un film qui affiche sans doute des meilleures intentions du monde mais qui, au bout du compte, n’est vraiment pas bon…

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