Comment j'ai tué mon père (2000) d'Anne Fontaine avec Michel Bouquet, Charles Berling, Natacha Régnier, Stéphane Guillon, Amira Casar

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Alors qu'il a parfaitement réussi dans la vie (il est un médecin réputé et vit avec sa jolie épouse dans un somptueux appartement à Versailles), Jean-Luc voit resurgir soudainement son père qui l'avait abandonné, lui et son frère, lorsqu'ils étaient enfants...

 

Anne Fontaine fait partie de ces cinéastes qui composent ce que j'ai appelé autrefois le « ventre mou » du cinéma français. Pour le dire en d'autres termes, elle dispose généralement de moyens confortables, peut s'offrir des stars (Depardieu, Béart et Ardant dans Nathalie, Miou-Miou dans Nettoyage à sec, Isabelle Huppert et Dussollier dans Mon pire cauchemar...), tourne régulièrement mais sans jamais parvenir à vraiment imposer un style. Ses films sortent sur grand écran mais rien ne les distingue vraiment des téléfilms de « qualité » que proposent parfois les chaînes publiques françaises.

Moins raté que Nathalie (sinistre navet), Comment j'ai tué mon père se suit sans véritable ennui mais sans passion non plus. Le film est correctement réalisé mais il est assez académique et sa principale qualité est de bénéficier d'une excellente distribution. Dans le rôle du père intrusif et destructeur, Michel Bouquet est parfait dans la mesure où il n'en fait jamais trop. Avec un sourire inquiétant constamment dessiné sur les lèvres, l'immense comédien parvient parfois à créer un peu de vertige et d'inquiétude. Face à lui, Charles Berling est très bien, tout en sobriété dans un rôle pourtant assez ingrat. Rien à redire non plus sur la prestation de la belle Natacha Régnier en épouse résignée mais frustrée et sur celle de Stéphane Guillon (alors tout jeune) dans le rôle du frère de Jean-Luc.

 

Une fois qu'on a dit ça, il ne reste du film qu'une coquille (presque) vide dont on peine à cerner les enjeux. Comment j'ai tué mon père est finalement moins un film d'Anne Fontaine qu'un film du scénariste Jacques Fieschi. Tout se passe comme si la cinéaste cherchait à suivre les traces de Claude Sautet (celui de Quelques jours avec moi et Nelly et monsieur Arnaud) et faire surgir un certain trouble au cœur des apparences lisses de la grande bourgeoisie française. Malheureusement, tout cela reste assez terne et appuyé.

Pour prendre un exemple précis, l'une des figures de style qu'affectionne le plus Anne Fontaine, c'est le plan rapproché poitrine qu'elle resserre doucement avec de légers travellings avant sur un visage renfermé. Ces gros plans insistants (accompagnés d'une musique illustrative) sont là pour suggérer le bouillonnement mental des personnages. Sauf que si on y regarde de plus près, Comment j'ai tué mon père se limite à de la psychologie bas de gamme : un père absent, deux fils qui n'ont pas su se dégager de son ombre tutélaire (tandis que Jean-Luc n'a jamais pu se résoudre à faire un enfant à sa femme et devenir père à son tour, son frère Patrick ne cesse d'évoquer cette figure paternelle dans les sketchs qu'il écrit) et une vision de la haute bourgeoisie assez convenue (la femme frigide qui s'ennuie tout en se contentant de faire bonne figure).

 

Encore une fois, tout cela n'est pas trop mal confectionné (c'est de l'artisanat équivalent à celui qui régnait à l'époque de la « qualité française ») mais rien ne semble exister à part le scénario. Du coup, tout semble mécanique et peu incarné (sans parler de l'absence totale d’ambiguïté).

 

Comment j'ai tué mon père est le cas typique du film du « dimanche soir » que l'on regarde sans trop y attacher d'importance et que l'on oublie aussitôt vu (c'est à peine exagéré : j'ai vu ce film il y a une semaine et je n'en conserve presque plus aucun souvenir...)

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