Climax (2009) de Frédéric Grousset avec Julien Masdoua, Marion Trintignant, David Gimenez (Editions Arthus)

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En plus d’exhumer des pépites enfouies du cinéma « bis », les excellentes éditions Artus proposent aujourd’hui une collection consacrée aux jeunes talents du cinéma de genre français. Voici donc Climax, le deuxième film de Frédéric Grousset après Aquarium dont nous reparlerons prochainement ici puisqu’il fait partie des suppléments du DVD.

Climax est un thriller nocturne qui débute par une émission de télévision à la manière de feu Les dossiers de l’écran. Un présentateur nous propose de revenir sur un sombre fait divers ayant eu lieu dans une belle villa du Sud de la France et c’est le film de ces événements tragiques que nous allons suivre.

Tourné avec un budget microscopique, Climax parvient à éviter deux écueils qui menacent souvent le cinéma de genre « à la française ». Primo, le côté « film de potaches » multipliant les effets chocs, la violence gratuite et tentant de reproduire maladroitement la « grammaire » en vigueur du cinéma d’action hollywoodien actuel (montage épileptique, saturation du son, etc.). A l’inverse, le deuxième écueil évité est celui de la platitude télévisuelle. Malgré le peu de moyens, le film ne fait pas « pauvre » visuellement et l’on sent qu’il y a chez Grousset un véritable désir de cinéma qui passe aussi bien par le traitement de la lumière, de la musique (utilisé à bon escient) que par la mise en scène.

Le principe de Climax est de montrer le fait divers qui sert de base au scénario en temps réel. Du coup, le cinéaste joue intelligemment sur les durées et sur le cadre plutôt que sur un rythme artificiellement gonflé à base de plans très courts. On s’installe dans cette histoire, par ailleurs plutôt bien jouée (ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type de productions à la limite du dilettantisme amateur –ce n’est pas un reproche- !) et on se laisse volontiers prendre d’autant plus que le cinéaste cherche davantage à susciter l’angoisse plutôt que l’horreur.

Le système D du film donne naissance à de jolies idées de mise en scène, comme ce plan de coupe sur une porte au milieu d’une scène d’agression qui renvoie la violence hors champ et la rend encore plus prégnante.

Cette volonté de « faire cinéma » est parfois aussi un peu la limite du film. Pour le dire un peu méchamment, Climax a parfois des allures de « story-board » illustré tant on sent l’intention derrière chaque plan et le soin accordé au moindre petit détail. Ce qui fait globalement l’intérêt du film lui nuit aussi dans la mesure où tout est verrouillé et que le scénario très simple ne réserve finalement pas beaucoup de surprises (ce n’est pas Halloween de Carpenter). De la même manière, certaines scènes m’ont paru un peu raté, comme ces passages violents que Grousset décide de filmer au ralenti et en noir et blanc. Styliser la violence, nous sommes d’accord mais je trouve que ça ne fonctionne pas très bien ici. Le résultat a donc parfois un peu des allures d’exercice de style d’étudiants (doués) en cinéma.

Ces réserves faites, ne boudons pas notre plaisir : le cinéma de genre français est suffisamment rare pour ne pas saluer cet essai sans doute imparfait mais intéressant puisqu’il  parvient à captiver le spectateur sans effets racoleurs et qu’il n’oublie jamais, malgré des moyens dérisoires, de faire du cinéma…

 

NB : Puisqu'il était question de cinéma bis, mes lecteurs les plus perspicaces se seront sans doute réjouis de voir apparaître un nouveau nom dans mes liens : eh oui! L'indispensable Christophe Bier à un blog (pour lecteurs avertis, bien entendu!)

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