Cinématon 2717 – 2724 (2013) de Gérard Courant

Isabelle Kersimon Cinématon n°2719

Isabelle Kersimon Cinématon n°2719

Les contraintes horaires étant ce qu’elles sont, ma première course « cinématonesque » de l’année fut de courte durée. Elle a d’ailleurs correspondu à une nouvelle année dans l’impressionnante anthologie de Gérard Courant qui, début 2013, a commencé par filmer de beaux jeunes gens.

Pour vous mesdames, nous débutons avec le critique et enseignant Benjamin Léon (n°2717) qui semble, mais je reconnais que c’est une impression mesquine guidée par une certaine jalousie masculine, s’aimer beaucoup. Il se contente, en effet, de fixer la caméra en se livrant à d’imperceptibles mouvements des yeux ou des lèvres. En d’autres termes, il fait le beau.

Pour les messieurs, nous allons ensuite chez Alain Paucard pour y découvrir la jolie comédienne Solenn Mariani (n°2718) qui ne semble pas particulièrement à l’aise face aux contraintes du Cinématon : les poses qu’elle tente de prendre finissent souvent par un relâchement du corps et un grand sourire. Mais cette « timidité » et ses grands yeux ronds donnent beaucoup de charme au portrait.

Vient ensuite la journaliste et écrivain Isabelle Kersimon (n°2719), infatigable pourfendeuse de la notion d’ « islamophobie » qui tend désormais à revêtir, pour des raisons idéologiques, la moindre critique de la religion musulmane. Là encore, le sourire semble d’abord un peu crispé et la gêne palpable. Alors le modèle fait contre mauvaise fortune bon cœur et profite de son temps à l’écran pour se rapprocher de la caméra et entamer un dialogue (qu’on n’entendra pas, forcément) avec le cinéaste.

C’est confortablement installé sur un oreiller que nous découvrons Hervé Vilard (n°2720) en train… de dormir, renouant ainsi avec les influences warholiennes du projet de Gérard Courant et adressant un (involontaire ?) clin d’œil au fameux Sleep même si on devine (et la fin nous le confirmera) que le chanteur ne dort pas vraiment.

Début avril 2013, Gérard Courant est invité au festival de Fontenay-le-Comte en Vendée. Il y tourne quatre portraits. Tout d’abord, celui d’Elodie Faria (n°2721), programmatrice et cinéaste qui joue les statues de marbre, le visage dissimulé par de grosses lunettes noires. Puis elle se déplace un peu et laisse apparaître un portrait peint qui semble être le sien. Elle introduit ainsi une « tension » dans le film et joue sur la notion même d’image. Ensuite, ses mouvements (enlever les lunettes, les remettre) et sa manière de se déplacer légèrement dans le cadre assurent une belle composition au film.

Plus banals sont les trois portraits suivants : Rémy Ratynska (n°2722) joue avec sa barbichette tandis que Suzanne Liandrat-Guigues (n°2723) se fait filmer en légère contre-plongée devant un escalier. Immobile, un brin austère, ce modèle correspond assez bien à l’image stéréotypée que l’on peut se faire d’une enseignante, même si son sourire adoucit un peu l’ensemble.

Dans la mesure où le musicien Gaël Mevel (n°2724) ne regarde jamais la caméra et semble s’adresser constamment à un tiers hors-champ, je trouve que son Cinématon ne fonctionne pas et passe à côté de l’objectif premier du projet : révéler la véritable personnalité du « cinématé »…

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