Cinématon 2956-2970 (2016-2017) de Gérard Courant

Alexandra Pasquier-Schurder - Cinématon n°2959

Alexandra Pasquier-Schurder - Cinématon n°2959

Sortant tout juste d'une angine et n'ayant aucune envie de mettre le nez dehors par ces sinistres journées pluvieuses de novembre (un mois qui devrait être définitivement rayé du calendrier!), je fus confronté au cruel dilemme qui pèse désormais sur les épaules de tous les cinéphiles : quel film regarder ? Autrefois quand j'étais marmot (ou du moins, ado), je demandais à ma mère de m'enregistrer un film durant la semaine, nous nous arrêtions au vidéo-club pour louer une ou deux cassettes pour le week-end et pour peu que Claude-Jean Philippe nous propose un bon cycle ou qu'un film fantastique soit diffusé au « Film de minuit » par la Télévision Suisse Romande, notre programme était bouclé. Aujourd'hui que l'offre est devenue pléthorique, le choix est devenu un casse-tête chinois : piocher dans notre collection de DVD pour revoir des Rivette ou découvrir des documentaires de Wiseman ? Profiter des dix films d'Ozu proposés sur le site d'Arte ? Découvrir enfin l'Alice au pays des merveilles de McLeod disponible actuellement sur OCS ou entamer les grandes rétrospectives que nous projetons de faire depuis un moment (Fulci, Terayama, Masumura...) ? Et c'est alors que face à toutes ces opportunités, un choix s'est imposé : pourquoi ne pas revenir au Cinématon que j'ai abandonné il y a près de 2 ans ?

La solution était là : retrouver Gérard Courant à Toulouse en 2016, là où je l'avais lâchement abandonné.

Si je me fie à la méthode rigoureuse dite du « doigt mouillé », j'avancerais volontiers que la catégorie des scientifiques n'est pas la plus représentée dans ce vaste panorama culturel qu'est Cinématon. Certes, on se souvient du professeur Laborit (n°865) mais j'ai du mal à en citer d'autres. C'est pour cela qu'il faut saluer la présence du généticien André Langaney (n°2957), aka Dédé la science qui fut chroniqueur pour Charlie-Hebdo avant de suivre la joyeuse troupe de Siné dans Siné-Hebdo puis Siné-Mensuel. Notre homme de science, sans doute mal à l'aise, effectue un certain nombre de mimiques à l'écran.

Qu'elles posent de manière sobre (la journaliste Rachel Binhas, n°2958) ou qu'elles soient plus agitées (l'écrivaine Alexandra Pasquier-Schurder, n°2959, qui présente à la caméra son livre et une photo de Jean Gabin), les deux invitées d'Alain Paucard (puisqu'on reconnaît les lieux du tournage) rendent hommage à leur hôte en montrant à l'écran, dès qu'elles le peuvent, un verre de ce vin qui ne manqua sans doute pas de couler à flot durant cette soirée de novembre 2016.

L'anthropologue et cinéaste Rossella Mezzina (n°2960) danse et se dandine pendant près de trois minutes. Comme au même moment passait dans ma « playlist » une chanson de Blondie (oui, je regarde souvent les cinématons avec de la musique, comme au temps du muet), la concordance du son et de l'image était presque parfaite. Brigitte Loyen (n°2962), quant à elle, joue de manière assez jolie avec la lumière que la flamme d'un briquet imprime sur son visage. Autre utilisation astucieuse de la lumière : celle qu'en fait Marc Durand (n°2964) qui pose dans l'obscurité et, avec une lampe torche, éclaire de manière intermittente son visage auquel il donne diverses expressions.

Un des plaisirs de Cinématon tient au décalage que les modèles peuvent faire surgir entre leur image et ce qu'ils effectuent à l'écran. Parfois, il se conforme à l'image qu'on attend d'eux. Ainsi, un photographe (François Grivelet, n°2965) finira forcément par sortir son appareil photo pour prendre sur le vif son filmeur. En revanche, l'écrivain Boris Moissard (n°2969), avec son élégant costume cravate débute son portrait de la manière la plus sobre qui soit, sans rien faire, avant d'arborer à la toute fin du film...un nez de clown que son austérité ne laissait pas présager !

Pour finir, le monteur Émile Dumas (n°2970) montre à la caméra ce qui semble lui tenir à cœur : un livre, un CD puis des baskets qui laissent entendre qu'il est aussi un passionné de course. Il va même jusqu'à se mettre des écouteurs dans les oreilles (un accessoire assez rare du Cinématon) et montrer le CD qu'il écoute lorsqu'il court.

Ce panorama serait terminé si je n'avais pas volontairement gardé pour la fin le plus beau des films (en toute objectivité!), à savoir le deuxième cinématon tourné par Célestine (n°2963) alors qu'elle n'avait que deux ans. Je n'en dirai pas plus mais on aura compris que c'est celui qui me tient le plus à cœur.

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