Cinématon 2836-2850 (2014) de Gérard Courant

 

Corinne Masiero Cinématon n°2844

Corinne Masiero Cinématon n°2844

Les derniers moments de l’épisode toulousain (celui de 2014) furent assez rudes car, nichés devant des fonds blancs et neutres, Frédéric Ambroisine (n°2847), l’acteur croate Kresimir Mikic (n°2848) et le producteur Vincent Tavier (n°2849) ne font strictement rien, ce qui peut décourager un tantinet le visionneur fatigué.

Cette étape cinématonesque nous a néanmoins permis de relativiser une assertion jadis avancée. En effet, nous avions l’impression qu’au fur et à mesure du temps, on fumait moins dans Cinématon. Or les portraits de cette étape m’ont contredit puisqu’on y a souvent une cigarette au bec, à l’instar de Corinne Masiero (n°2844) qui ne cesse de parler et de mimer une histoire qu’on a néanmoins peine à suivre ou encore de Guillaume Louradour (n°2839) qui s’approche de l’objectif de la caméra pour souffler sa fumée. D’autres optent pour le cigare, à l’image de la critique Christine Masson (n°2843) qui se coiffe d’une casquette en cuir, chausse des lunettes de soleil avant de tirer sur son barreau de chaise et s’amuser avec icelui (elle le place du « mauvais côté » dans sa bouche, risquant à chaque instant la brûlure du palais : qui a dit qu’un Cinématon était sans risques ?).

Enfin, Bruno Gaccio (n°2842) combine les deux puisqu’il tire à la fois sur un cigare et une cigarette électronique. Une bonne méthode pour être sûr de produire de la fumée.

Puisque Bruno Gaccio incarne un certain état d’esprit du « Canal plus historique », signalons qu’un an après son « désaltère égo » [Léo Campion] Benoît Delépine, c’est au tour de Gustave Kervern (n°2841) de se faire croquer par Gérard Courant. L’acteur/réalisateur opte pour un scénario à la Gérard Jugnot, mimant avec un certain talent l’ennui puis une lutte impitoyable contre l’assoupissement (yeux écarquillés ostensiblement, visage frotté frénétiquement…) avant l’endormissement. Une jolie réussite.

L’écrivain J.M.Erre (n°2837) propose un défi assez intéressant : celui de compter pendant tout le temps de son portrait. Même si j’avoue avoir laissé tomber en cours de route, j’ai pu dans un premier temps avoir l’impression assez grisante de savoir lire sur les lèvres (on rappelle pour ceux qui prennent ma course en route que Cinématon est muet)

Le grand historien du polar Claude Mesplède (n°2840) commence sobrement à montrer des livres à la caméra, saluant d’un pouce levé le premier roman de Nicolas Mathieu (Aux animaux la guerre) et présentant la dédicace des Roubignolles du destin de Jean-Bernard Pouy. Puis il présente à l’écran une citation (?) plus crue : « L’amour est un fruit qu’on dévore mais l’envie de chier est plus forte encore. » avant de prendre en photo son filmeur et de lui faire des grimaces.

On le sait, les grimaces sont toujours le moyen (un peu facile) de dissimuler sa gêne d’être filmé sans consignes pendant plus de trois minutes.

L’autre moyen est de « briser » le pacte cinématonique à l’instar d’Eric Maravélias (n°2836) qui est interrompu par un coup de fil et qui, pendant un court laps de temps, n’est plus « seul » face à l’impitoyable caméra de Gérard Courant. Mais l’esquive n’est que de courte durée et il ne reste alors plus alors qu’à retrouver une certaine contenance pour aller au bout du chemin…

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