Tangi (qui signe sur le site collectif Anti Léthargique sous le sobriquet de Gaston) fait partie de ces jeunes cinéphiles que j’ai pu rencontrer grâce à Twitter. Si les échanges restent limités à 140 caractères sur ce réseau social, je dois dire que ce fut un grand plaisir, depuis 2009, de discuter avec tous ces passionnés du septième art, même lorsque les débats furent houleux. Je n’ai pas le souvenir de m’être disputé un jour avec Tangi. Mais si c’est le cas, il ne doit pas trop m’en vouloir puisqu’il me propose la très aimable contribution que voici…

 

***

 

Pfiou 10 ans, ça fait une paie. À cette époque-là, j'égrainais encore les bancs de mon collège à la recherche d'un peu de réconfort en lisant des vieux bouquins ou en regardant les autres jouer au foot. Le cinéma n'était pas encore ce qu'il est devenu dans mon existence. Tout le contraire de Doc, tant il semble empêtré dedans depuis sa plus tendre enfance. Empêtré pourquoi ? Parce que ce n'est sans doute pas un fardeau mais plutôt un besoin. Besoin d'en parler, d'en converser, d'en lire, d'en rire, d'en vivre et donc d'en découdre. Ainsi plutôt qu'empêtrer, le mot juste serait imprégné.

 

C'est inimaginable aujourd'hui, pour moi, d'écrire un léger billet sur quelqu'un que je ne connais pas de visu. Tout comme c'est inimaginable, aujourd'hui, de penser ne pas croiser la route d'un cinéphile aussi insatiable que Doc. Qui, au détour d'un tweet fait autant réagir, interroger, passionner un cinéphile qu'un brésilien dans un match avec Zidane.

 

10 ans de travail et pourtant je ne connais le blog que depuis peu. Je m'y rends souvent et lis les articles avec passion. Même si je dois avouer que les seuls qui me rendent curieux sont ceux dont j'ai déjà vu le film. Je ne peux pas lire sur une œuvre avant de l'avoir vue.

Ainsi, la raison principale qui m'a poussé à participer à cette invitation généreuse, c'est le parallèle que je peux faire de mon expérience de cinéphile avec celle du Doc. En effet, ce qui est fascinant avec ce blog -saisissant par son aspect formel : simple et blanc- c'est d'y retrouver un état des lieux du cinéma provincial, en dehors du bouillon cinéphilique qui règne à Paris où le rythme des projections semble aller très vite. Loin de moi l'idée de jeter la pierre, seulement constater cet aspect très sportif du cinéphile parisien.

 

En engendrant un à un des articles sur certaines projections plus ou moins obscures (je me rappelle d'un sur le DVD de La comtesse sanglante), Doc s'évertue à rendre un côté noble à un système de distribution qui a tendance à se marginaliser hors de la capitale. Ce blog est donc aussi une affaire de territoire. C'est là que je me retrouve avec Doc : le Godard sera-t-il projeté en 3D par chez nous ? Les rétrospectives et ressorties seront-elles à l'ordre du jour ou seront-elles encore disponibles deux mois plus tard ? Le dernier Hong Sang-Soo sera-t-il à l'affiche cette fois-ci ? Cependant, on est tellement loin de tout, que l'on est au cœur de la cinéphilie : cette attente insoutenable de ne pas savoir si l'on va pouvoir voir.

 

Pour conclure cette longue complainte, je rajouterais que contrairement à beaucoup (et certainement à moi), Doc ne fait pas tout ça pour la reconnaissance. Il est déjà reconnu et ça se voit.

 

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