Cinématon 2341–2370 (2011) de Gérard Courant

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Vyva Diamms Cinématon n°2343 

 

Il s'est passé quelque chose d'étrange durant ma longue course « cinéma(ra)tonesque » : alors que j'avais trouvé un bon rythme pour enfin arriver à des portraits croisant mon histoire personnelle, ce passage du film a également marqué un brutal coup d'arrêt à mon effort.

Il fallait repartir dans des territoires inconnus et j'ai eu du mal à me remettre en route. C'est chose faite avec une étape qui démarre de manière familière puisque nous nous retrouvons, une fois de plus, chez Alain Paucard. Il convient de noter que depuis ma dernière chronique sur le Cinématon, j'ai eu l'occasion de visiter ce fameux appartement où furent tournés tant de portraits et que cet excellent souvenir m'est revenu à l'esprit à la vision des premiers films, notamment celui de Danielle Marc (n°2342), cinéphile qui ne cesse de bouger, qui répond au téléphone (fixe), qui montre à la caméra un livre de Jean Dutourd et qui profite de son temps pour savourer un bon verre de rouge (faut-il vous préciser qu'Alain Paucard est un bon vivant et que je suis sorti bien saoul de chez lui ?)

 

A Paris, Courant filmera également Vyva Diamms (n°2343), comédienne et créatrice de bijoux qui pose dans une tenue assez extravagante donnant l'impression qu'elle sort du film L'Apollonide ou d'une toile symboliste « fin de siècle ».

 

C'est au festival de Manosque que le cinéaste a ensuite tourné quelques portraits, celui de l'organisateur Pascal Privet (n°2344) (beau plan en extérieur) et celui du cinéaste coréen Jeon Soo-Il (n°2345) dont le prochain film (Pink) sort à la fin du mois sur nos écrans. Ces deux personnalités, Gérard Courant les a filmées de manière plus longue dans ses « carnets filmés » consacrés à ce festival qui rendait alors hommage à Luc Moullet.

 

Dans un parc à Montreuil, il immortalise le critique Emeric de Lastens (n°2347) (contributeur à la revue Vertigo) et une jolie étudiante britannique, Lucie Wright (n°2348) qui a l'air très intimidée par la caméra de Courant.

 

Mais l’événement de cette étape, c'est la participation de Gérard Courant (en avril 2011) au 4ème festival du film du Golfe à Dubaï. De ce séjour aux Émirats Arabes Unis, le cinéaste va rapporter un nombre impressionnant de Cinématons. Pour un spectateur occidental, les personnalités filmées ne diront sans doute absolument rien mais pour le projet global du film, ces portraits sont importants pour plusieurs raisons :

 

1- Pour Courant qui cherche à filmer toutes les nationalités possibles, ce fut l'occasion d'avoir des individus venant de pays peu connus pour leurs cinématographies (doux euphémisme) : cinéastes irakiens, yéménites ou d'Arabie Saoudite et du Qatar, poète venu de Bahreïn (Quassim Haddad n°2353), producteur koweïtien, écrivain syrien (Ziad Abdullah n°2361)...

 

2- Les personnalités filmées apparaissent comme des modèles « vierges », n'ayant sans doute jamais vu un Cinématon. Il se dégage, du coup, de ces films une certaine spontanéité et un primitivisme qui renvoie aux premiers essais tournés au début du projet. De plus, le noir et blanc de rigueur désormais dans le dispositif et l'image vidéo souvent « cuite » par le soleil (j'aime ce côté « imparfait ») dont une certaine intensité à ces portraits. Peu « d'action » mémorable mais le caractère minéral de certains visages (qui ne bougent parfois presque pas au point qu'on pense à un arrêt sur image) rappelle les débuts du cinéma.

Certains tirent néanmoins leurs i phone de leur poche pour prendre en photo ou filmer Courant (Mahdi Ali Ali n°2364). Parfois, c'est le second plan qui attire l’œil, comme ce couple en grande discussion pendant le portrait de Kassem Hawal (n°2365) ou encore le reflet du « filmeur » sur la vitre derrière Haider Rashid (n°2358).

 

3- La troisième remarque que je m'apprêtais à faire concernait l'absence présumée de femmes dans ce festival. Il faut attendre le 9ème film pour voir apparaître une journaliste voilée de Bahreïn (Mansoora Al Jamri n°2359). Mais ce cliché volera assez rapidement en éclats puisque l'étape se terminera par quatre beaux portraits de femmes (non voilées). Si la critique de cinéma égyptienne Amel El Gamel (n°2367) semble s'ennuyer ferme (mettons sur le compte de la fatigue – le film a été tourné à deux heures du matin ! - ce sentiment qu'elle dégage), la jeune et jolie Aisha Al Douri (n°2368) (présentatrice de télévision irakienne) nous présente un visage radieux.

 

Rendez-vous à la prochaine étape pour parler à nouveau de Dubaï...

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